Ces immeubles modernes donnent du caractère au centre du bourg.
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Adopté par le Conseil en 1997, le plan de quartier du Grand-Pré s'est concrétisé dans sa première étape en 2012. Aujourd'hui, cinq immeubles, soit 42 logements, composent une scène contemporaine cubiste en plein centre du bourg traditionnel. Ces larges cubes sur trois étages, déclinés dans des tons variés de brun, tantôt striés, tantôt lisses, s'enchevêtrent avec une surprenante légèreté. Deux architectes différents sont à l'origine de cette réalisation originale située sur des terrains privés.
Création avant-gardiste
Une création avant-gardiste qui a suscité de nombreuses réactions et qui continue d'attirer l'oeil des passants. "Il y a les deux extrêmes, certains sont admiratifs et trouvent ce design merveilleux, d'autres sont scandalisés, même parmi les jeunes" , admet l'ancien syndic Gérald Bussy, qui a vécu de près la gestation du projet de quartier, il y a une quinzaine d'années. "Les bâtiments sont radicalement différents de ceux projetés initialement, beaucoup de temps s'étant écoulé entre l'annonce du plan de quartier et sa réalisation. L'option du toit plat au lieu du traditionnel toit pentu a l'avantage d'offrir une surface intérieure accessible à cent pour cent, même dans les étages supérieurs" , souligne l'ancien syndic qui ne cache pas être favorable à l'aspect architectural de l'ensemble.
Habitat pas accessible pour toutes les bourses
La modernité ne s'arrêtant pas à la façade, tous les logements utilisent à 100% les énergies renouvelables indigènes. Les matériaux de construction sont une combinaison de pierre calcaire, de métal et de bois. Un mélange savamment dosé, obéissant à la volonté des architectes de reproduire dans ses couleurs et ses textures l'harmonie minérale et végétale du vieux bourg.
Habiter dans certains immeubles n'est toutefois pas accessible au commun des mortels même s'ils sont tous occupés. La location d'un appartement de 195 m 2 atteint 4500 francs. Parmi les locataires, on dénombre aussi un salon de beauté, un cabinet de pédiatrie et un jardin d'enfants. "Nous étions les premiers locataires du bâtiment, en septembre 2011" , témoigne Philippa Ronig, directrice du jardin d'enfants Montessori, installé auparavant dans une maison privée du village. Plus de la moitié des bambins du jardin d'enfants, âgés de 18 mois à 6 ans, habitent à Crans, et, parmi ceux-ci, quelques-uns logent dans les nouveaux immeubles. "Au début, c'était un peu difficile avec le bruit du chantier, mais désormais les travaux extérieurs sont terminés et les pépins techniques réglés. Nous faisons peu à peu connaissance avec les habitants du quartier. Cela devient de plus en plus sympa et plus joli avec le temps", poursuit la directrice, qui se réjouit de voir le quartier un peu plus verdoyant. Côté technique, Philippa Ronig se dit aussi très satisfaite des locaux: " La température interne est constante été comme hiver, ce qui est très agréable; et il n'est pas nécessaire d'ouvrir les fenêtres, car la ventilation est très bonne." . Enfin, le jardin d'enfants dit entretenir d'excellentes relations avec les propriétaires qui aident à l'entretien des espaces verts destinés aux petits.
La vie de quartier peine à s'organiser
Les avis sur le nouveau quartier sont plutôt mitigés du côté des anciens habitants et de quelques commerçants, qui relèvent plutôt les inconvénients engendrés par l'intégration des nouveaux immeubles dans le paysage villageois. "Suite à la construction du parking extérieur, qui a causé beaucoup de perturbations, les habitants se plaignent de manquer de place pour se garer dans la rue. Ils ont dû changer leurs habitudes, et j'ai même perdu quelques clients" , avoue Christopher Rime, commerçant à l'épicerie. La patronne du salon de coiffure situé de l'autre côté du trottoir avoue quant à elle être plutôt séduite par l'architecture des nouveaux logements et espère pouvoir bientôt élargir sa clientèle.
Qui dit nouveaux locatifs dit en principe aussi nouvelle vie de quartier. Toutefois, par un mercredi après-midi ensoleillé, les abords des immeubles sont plutôt calmes, seuls quelques enfants vont et viennent. Les loggias intérieures fleuries révèlent pourtant que les lieux sont habités. Où sont donc les locataires? "Le parking est souterrain, les gens montent ensuite directement chez eux. Mais il est vrai que je ne croise pas beaucoup de monde" , explique une mère de famille nouvellement installée au rez-de-chaussée avec sa famille. "Vu le standing des appartements, la plupart des gens sont, comme nous, des expatriés qui viennent parfois ici pour une période déterminée et doivent trouver rapidement un logement. Ces gens rentrent tard le soir et ne participent pas forcément beaucoup à la vie de quartier" , conclut-elle.
Les changements sont cependant loin d'être terminés à Crans qui, à l'instar d'autres communes de la région, projette d'accueillir à long terme davantage de nouveaux habitants. Le plan de quartier du Grand-Pré comprend encore deux étapes ultérieures qui devraient se réaliser ces prochaines décennies en amont des nouveaux immeubles, côté Jura. "Pour l'instant, il n'y a pas encore de projet suffisamment avancé pour être présenté au Conseil" , affirme le municipal en charge des constructions Robert Middleton. Le plan prévoit en outre la construction de huit autres immeubles ainsi que de treize villas.