Un producteur local décortique les secrets des oeufs de Pâques.
A l'heure des fêtes de Pâques, les oeufs sont à l'honneur dans les supermarchés. Teints et cachés pour la traditionnelle chasse ou tranchés pour devenir salade, ce produit quotidien devient la star de cette période de l'année.
Pourtant, si les enfants se soucient davantage des oeufs pour leur propre plaisir que pour leur qualité, cette dernière est aujourd'hui très réglementée. Un récent rapport, dénommé "dossier oeufs de Pâques", de la Protection suisse des animaux (PSA) stipule que le bien-être et le respect des poules pondeuses ont une importance cruciale.
Des volailles qui sortent à leur guise
Sur ce point, Christian Rebetez, éleveur de 1500 gallinacés à Prangins, soutient que "pour dormir, les poules se sentent mieux en hauteur, sur des perchoirs, que par terre. " Ainsi, au Domaine du Bois de Craux, l'aviculteur a fait équiper ses poulaillers de perchoirs et laisse à ses protégées un accès permanent aux parcs en plein air. " C'est tellement plus plaisant de voir des poules dehors, au soleil, qu'en intérieur, en cage. " Inconcevable donc pour lui que ses volailles ne puissent pas aller et venir à sa guise.
Même si aujourd'hui, en Suisse, l'élevage de poules en batterie est interdit, certains recourent néanmoins encore à cette pratique dans des pays voisins. Il est donc toujours possible de trouver des oeufs de poules élevées en batterie sur nos marchés. A ce sujet, la PSA s'engage à ce que les consommateurs soient avertis de cette provenance à l'aide d'une mention et tente de convaincre les commerces suisses de stopper ces importations. "La plupart des gourmets ne verraient pas la différence entre un oeuf de poule en batterie et un autre pondu par un animal de plein air, que ce soit au visuel autant qu'au goût, estime le spécialiste de Prangins. C'est surtout important pour que la poule soit traitée avec respect."
L'importance du cadre
C'est face au Mont-Blanc, à proximité de l'aérodrome de La Côte que s'ébattent les pondeuses autour de sa ferme. Il est donc bien loin de déranger d'éventuels voisins, qui se trouvent n'être que des pissenlits et des pâquerettes. " Je n'ai jamais eu de problème avec les gens. Ce sont même eux qui viennent se promener par ici et voir mes animaux ", explique-t-il avec enthousiasme. En retour, son environnement calme et serein offre un cadre parfaitement adéquat pour ses animaux.
Les installations du Bois de Craux offrent des conditions de vie largement meilleures que les minimas exigés par la loi et les défenseurs des animaux.
Pâques, une période stratégique
C'est loin de tous les remous et polémiques, dans un cadre calme et isolé que Christian Rebetez bichonne ses animaux depuis un peu plus d'un an.
Nourriture à base d'orge de sa production et poulaillers climatisés, rien n'est trop beau pour que ses précieux volatiles se portent pour le mieux. Car, en cette période festive, les oeufs sont plus demandés que jamais. Pour répondre à la demande de manière optimale, il doit acquérir de jeunes poules pondeuses juste avant la ruée pascale. "On compte environ un oeuf par poule par jour, mais une année de ponte équivaut plutôt à 300 oeufs" , mentionne-t-il.
Après une année, les pondeuses sont revendues à des petits producteurs ou des particuliers. En opérant de la sorte, il s'assure une production linéaire et maximale sur la plus grande partie de l'année. "Pas question de recourir à d'autres moyens, médicaments, antibiotiques, etc... pour booster sa production", affirme-t-il.
Christian Rebetez ne limite pas sa production qu'aux oeufs: il élève bien sûr poulets, mais aussi chevaux et bovins. " Cette diversification permet un revenu accessoire intéressant. " La possibilité de maîtriser quasiment l'entier de la chaîne de production, des céréales qu'il cultive dans ses champs, fait broyer au moulin, avant de les distribuer à ses poules lui convient bien. Cela garantit la qualité et la provenance tout en limitant les déchets. Autant d'arguments qui l'ont convaincu de reprendre l'exploitation de René Gagnebin en février de l'année dernière.