Quantcast
Channel: La Côte - News - Nyon
Viewing all articles
Browse latest Browse all 3849

Police-population: les membres moins rassurés mais plus prudents

$
0
0

Les citoyens qui participent au concept reçoivent chaque mois le bilan des cambriolages et de la criminalité sur leur sol. Une information à double tranchant.

aguenot@lacote.ch

Le concept a essaimé aux quatre coins de la région. Selon les chiffres publiés début avril par la police cantonale, 56 communes de La Côte sont désormais inscrites à Police-Population, la nouvelle appellation de la surveillance mutuelle des habitations. Il s'agit là de la plus forte concentration de localités membres de tout le canton. Pourtant, si les panneaux signalant la présence de la "Popul" sont de plus en plus fréquents au seuil des localités et des quartiers, le système demeure encore méconnu: une milice villageoise? Un réseau de délateurs? Et quelle est l'efficacité du système?

 

Pas des "cow-boys"

 

Chef de la Division prévention criminalité qui pilote le projet, le commissaire adjoint Pierre-Olivier Gaudard insiste: " Si une milice s'organisait, nous y mettrions le holà. Si quelqu'un nous appelait pour faire de la délation, nous n'entrerions pas en matière. A ce jour, je n'ai rencontré aucune dérive de ce type ", assure-t-il. C'est d'ailleurs pour éviter toute confusion que l'appellation "Police-Population" a finalement été préférée à "surveillance mutuelle des habitations". En définitive, si le membre observe une activité suspecte, la procédure est la même que pour le citoyen lambda: il est prié d'appeler le "117".

Soit. Alors quelle est la plus-value du système? " Police- Population est avant tout un réseau d'information ", poursuit Pierre-Olivier Gaudard. Ainsi, deux fois par mois, les responsables du programme diffusent aux participants (entre 40 000 et 50 000 membres dispersés dans tout le canton) des renseignements localisés sur la criminalité. Via e-mail, deux types de bulletins leur sont délivrés: l'Info Délits et l'Info Délits+. " Le premier fait état des cambriolages commis dans la commune et donne des conseils de prévention. Le second dispense de l'information sur la criminalité en général ", détaille le commissaire. Le procédé interroge: ne favoriserait-il pas la parano au sein du réseau?

 

Une insécurité plus ciblée

 

A l'Institut de criminologie et de droit pénal de l'université de Lausanne, une chercheuse s'est penchée sur la question*. En 2013, la Nyonnaise Yara Barrense-Dias a ainsi mené plusieurs sondages auprès des membres et des non-membres du programme, pour cerner l'impact de ces fameux Info Délits. Voici ses résultats. Selon elle, les participants se sentent moins sécurisés que les non-membres " lorsqu'ils se promènent seuls dans leur quartier après la tombée de la nuit ", écrit la chercheuse. Ils estiment également " plus probable la survenance d'un cambriolage ". De prime abord, les effets des bulletins semblent donc négatifs. Mais, plus loin, la criminologue nuance: il est toutefois possible que ces personnes " ne se sentent pas apeurées du tout, mais simplement conscientes qu'il existe certains risques. " Puis, elle rapporte un point positif: celles-ci " évitent moins certaines personnes et évaluent la survenance d'une agression physique comme étant moins probable " que le reste des sondés.

En résumé, mieux informé, le citoyen membre aurait une perception plus forte des risques mais aussi plus objective et plus précise. Son sentiment d'insécurité serait ainsi plus ciblé.

 

Un habitant informé en vaut deux

 

Pour le commissaire Gaudard, cette perception a ses avantages. " Ces citoyens prennent plus de précautions. Ils sont donc moins touchés par les cambriolages ", affirme-t-il. Et cela a-t-il un effet sur le total des délits commis dans la commune? " On aimerait toujours faire un lien entre la présence de la "Popul" et le nombre total de cambriolages. Mais c'est impossible! La délinquance obéit à des paramètres trop nombreux ", répond-il. Les panneaux placés à l'entrée des localités ne dissuaderaient donc pas les voleurs? " C'est un plus et il participe à l'amélioration du sentiment de sécurité de la population . Mais il faut avant tout favoriser les noyaux d'habitants qui se parlent ", poursuit le responsable.

Dans les communes pionnières, c'est cette dimension sociale qui est mise en avant. Comme l'explique Patrick Simon, municipal en charge de la Sécurité à Tannay. " Au début des années 90, le tissu social du village était très éclaté. Le concept a permis de remettre au goût du jour le souci du voisin et sa sécurité ".

*" L'influence des newsletters Info Délits et Info Délits+ sur le sentiment d'insécurité de leurs destinataires", Mémoire de criminologie, Yara Barrense-Dias, décembre 2013 .


Viewing all articles
Browse latest Browse all 3849

Trending Articles