La petite épagneule papillon en est quitte pour une grosse frayeur et quelques jours en clinique vétérinaire.
C'est une toute petite boule de poils, qui pèse à peine deux kilos. Elle est encore toute tremblante, alors qu'elle sort de quatre jours chez le vétérinaire. "Garance de la Bruyère du Mazy", une épagneule papillon issue d'un élevage situé dans le Vaucluse, en France, représente tout pour ses propriétaires. Michelle et Carlo Sargenti partagent leur vie entre le Midi de la France et Coppet. La petite chienne de deux ans fait partie de la famille. Ils ne se séparent jamais d'elle.
Samedi 13 juillet, dans l'après-midi, "Garance" se balade en laisse avec sa maîtresse dans le parc du Château de Coppet. Soudain, Madame Sargenti aperçoit trois jacks russels, des petits chiens ratiers, qui arrivent vers elle en courant et en aboyant. Avant qu'elle n'ait eu le temps de réaliser ce qu'il se passait, les trois chiens étaient sur "Garance". Par réflexe, la propriétaire de la petite chienne l'a soulevée par sa laisse, essayant ainsi de la mettre hors de portée des crocs de la meute ainsi lâchée. Mais en faisant cela, elle n'a réussi qu'à exciter encore davantage les chiens. A raison de quelque 5 à 8 kilos chacun, les forces en présence étaient pour le moins inégales!
Une peur irrationnelle
"Si elle n'avait pas eu le réflexe de suspendre sa chienne, il ne se serait rien passé ", affirme péremptoirement le propriétaire des jacks russels. Avant d'exiger de n'être cité en aucun cas! Quoi qu'il en soit, ses chiens ont obéi rapidement à l'ordre de rappel lancé par leur maître, mais le mal était fait. " Mes chiens n'ont jamais mordu personne ", aboyait encore le propriétaire. Peut-être, mais ce jour-là, ils ont bel et bien attaqué la petite épagneule.
Emmenée dans une clinique vétérinaire de la région, la chienne était très choquée de ce qui venait de lui arriver. Elle a dû suivre un traitement de dix jours à la cortisone, et prendre des vitamines. Elle souffre de morsures et d'un traumatisme pulmonaire. Elle porte également des lésions au postérieur. Il va de soi que le propriétaire des jacks russels s'est engagé à prendre en charge l'ensemble des frais vétérinaires.
Malgré cette mésaventure, qui aurait pu beaucoup plus mal se terminer, le propriétaire des terriers continue de promener ses animaux sans laisse dans le parc du Château. Interpellé à ce sujet, il me lance: " vous êtes militaire? Vous me surveillez? "Le ton est donné. Il est visiblement très remonté contre les propriétaires de "Garance", qui s'en seraient pris verbalement à sa femme, n'hésitant pas à le traiter "d'assassin". L'affaire a pris une tournure très émotionnelle.
Tout le monde sera entendu
La nouvelle loi sur la police des chiens oblige quiconque à signaler aux instances vétérinaires cantonales tous les cas de morsure, que ce soit envers des humains ou d'autres animaux. Il en a été fait ainsi pour ce cas.
François Caula, vétérinaire cantonal suppléant, est en charge de cette affaire. " Une enquête est en cours. Je vais entendre les deux parties et je prendrai les décisions en fonction de l'évaluation de l'une et l'autre. Il est clair que plusieurs jacks russels forment une meute. C'est celle-ci qui sera évaluée, et pas un chien seul après l'autre. La petite épagneule papillon sera, elle aussi, éventuellement évaluée. Ainsi que les propriétaires. " A ces mesures, vient s'ajouter l'expertise menée par un(e) comportementaliste. Le médecin le rappelle: toute personne doit être en mesure de maîtriser son animal en toutes circonstances, et ce même lorsqu'ils sont trois, et forment ainsi une meute.
Les mesures peuvent aller du non-lieu jusqu'au séquestre de l'animal. Mais dans ce cas précis, il est fort peu probable que l'on en arrive à cet extrême, les torts semblant partagés. Dans certains cas, le préfet peut être appelé à trancher, et même parfois, dans les affaires les plus graves, un tribunal pénal. Souvent, aucune mesure n'est nécessaire. Dans le cas précis, selon les spécialistes, si la propriétaire de "Garance" n'avait pas bougé et laissé sa chienne libre de ses mouvements, il est fort probable que les jacks russel seraient repartis comme ils étaient venus après avoir fait "connaissance" avec "Garance". " Ces chiens ne sont pas une race agressive. Au contraire, ce sont des chiens sociables qui vivent en bonne harmonie dans les familles ", conclut le vétérinaire cantonal suppléant.