Le 8 mai 1974, le Folk-club de l'Escalier présentait son premier programme à la presse. L'association vécut seize mois avant de changer de nom.
Il y a quarante ans jour pour jour, dans l'ancêtre de votre quotidien, le "Journal de Nyon", paraissait un article titré "Un Folk-club est né à Nyon". A dire vrai, ce jour-là ne marquait pas le véritable départ des concerts organisés à Nyon par Daniel Rossellat et ses potes. Durant l'année qui venait de s'écouler, pas moins de douze concerts s'étaient enchaînés, essentiellement à la salle de la Colombière et dans un petit théâtre au sous-sol de la rue Nicole, le Théâtre de l'Escalier.
Malgré la capacité limitée - 54 places en tout et pour tout -, ces rendez-vous publics au prix modique de 6 francs l'entrée s'étaient avérés plus ou moins rentables. Le déficit annoncé à la presse ce jour-là par le Centre des loisirs de Nyon se chiffrait à 30 francs et 35 centimes.
Clarifier les rôles
Alors, à quoi initier une nouvelle association? "C'était clairement un souci de clarification des rôles et des risques, se souvient Daniel Rossellat, alors engagé en tant qu'animateur au Centre de loisirs, à mi-temps. Notre activité de débutants dans le monde du spectacle avait alors inquiété des conseillers communaux qui se demandaient à quel titre la ville était engagée dans ces concerts via le Centre des loisirs."
Le municipal des affaires sociales Bernard Glasson avait alors suggéré à son remuant employé de créer une entité indépendante, comme il l'avait précédemment fait avec le Hockey-club de Nyon, également né dans le bâtiment de la rue de Rive en face de l'Usine à gaz.
"Le folk avait l'avantage de ne pas faire trop peur"
A ce moment-là, les Folk-clubs fleurissaient en Suisse romande. Pour se lancer, les Nyonnais avaient d'ailleurs pu compter sur le soutien de leurs aînés du Vieux-Lausanne ou de la Guimbarde d'Orbe.
"L'avantage de cette appellation de Folk-club, c'est qu'elle ne faisait pas trop peur, ni aux Nyonnais, ni aux autorités, se souvient l'actuel syndic de Nyon. Si on avait démarré plus tard avec la notion de rock ou de punk, on se serait exposé à des réactions plus vives."
Déjà des vedettes à Nyon
En programmant Aristide Padygros dans leur minuscule salle, puis Maxime Le Forestier à l'Aula en novembre 1974, avant d'accueillir Claude Nougaro sous cantine aux Tattes d'Oies, Baden Powell, les Compagnons de la Chanson ou Alain Morisod, la jeune équipe, dont la moyenne d'âge n'excédait pas 23 ans, finit par se faire une place reconnue à Nyon. Voilà pour la face brillante de l'aventure.
Mais comme toute l'histoire de Paléo hormis ces dernières années, l'épopée a aussi connu des heures sombres et peu lucratives. A Nyon, les concerts n'engendraient pas tellement de pertes, mais enivré par son succès, le Folk-club tenta de monter des spectacles à Genève, à Lausanne et ailleurs dans la région qui ont parfois "mangé" un bon bout des bénéfices précédents.
"Nous avions un vrai problème structurel, reconnaît Daniel Rossellat. Les artistes qui nous plaisaient n'attiraient pas forcément les foules et quand nous visions des vedettes de l'époque, nous ne trouvions pas à Nyon des salles de capacité suffisante pour assurer l'équilibre financier car nous tenions à pratiquer des tarifs modérés."
L'esquisse d'un festival
C'est de ce constat qu'a commencé à germer l'idée d'un festival. En groupant plusieurs concerts sur quelques jours, non seulement le Folk-club pouvait espérer réduire ses frais d'équipement des salles louées, "mais surtout nous nous assurions ainsi une certaine maîtrise des recettes. Car sur les autres concerts, les bières étaient vendues par le concierge et les sandwiches par son épouse. Avec un festival, ces recettes-là entraient dans nos caisses qui en avaient bien besoin" , se souvient le boss du Paléo Festival.
Paléo créé quand le Folk-club s'est fait virer de l'Escalier
Quant à cette appellation de Paléo Arts & spectacles qui est toujours active aujourd'hui, sa naissance remonte à septembre 1975 quand le Folk-club dut se réimaginer un nom et une orientation culturelle après avoir été chassé du petit théâtre de la rue Nicole.
Un peu plus de six mois plus tard, l'équipe de Paléo proposait le First Folk Festival à la salle communale de Nyon; puis, un an plus tard, le premier open air à Colovray. La machine était lancée. Et une bande de jeunes âgée d'une vingtaine d'années initiait une entreprise qui ne devint florissante que bien des années plus tard.