Les douaniers passent au crible la région avec du matériel loué à l'armée.
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Pendant que vous dormez, les gardes-frontière ne chôment pas. Et ce particulièrement en été, parce que les conditions météo sont meilleures qu'en d'autres moments de l'année. Ils louent à l'armée suisse des drones de reconnaissance.
"La collaboration avec Skyguide et les autres instances se fait par l'intermédiaire de l'armée à qui appartiennent les drones ", précise l'adjudant Jacques Javet, responsable de la communication auprès du corps des gardes-frontière. " Nous ne faisons qu'utiliser leurs images vidéo et les guidons dans la reconnaissance du terrain. Mais lors d'engagement de drones, il y a toujours une ou plusieurs équipes terrestres dans la région surveillée".
Actuellement équipés de moteurs deux cylindres à deux temps dotés de 45 chevaux, ces engins sont relativement bruyants, surtout dans le silence de la nuit. " Nous les louons pour des missions précises, selon une planification que nous mettons au point avec l'armée, relève encore l'adjudant. En tout, ces avions sans pilote survolent le Jura une dizaine de fois par année, généralement à la belle saison. Ils décollent de l'aérodrome de Payerne ".
Ils ont déjà permis des arrestations en Terre Sainte
La zone frontière comprise entre l'Auberson et la frontière genevoise est donc passée au crible durant maximum quatre heures, soit l'autonomie des drones actuellement en possession de l'armée. Leur vitesse moyenne va de 90 à 200 km/heure, et ils volent généralement à 1000 mètres d'altitude, quand bien même ils pourraient monter jusqu'à 5500 mètres.
Si l'on en croit l'adjudant Javet, l'engagement de ces avions a permis plusieurs arrestations, souvent des cambrioleurs ou des migrants, notamment dans la région de Terre Sainte.
" Ces drones sont équipés de caméras thermiques. Lorsque nous voyons des personnes au comportement suspect, nous envoyons une patrouille sur place pour procéder à un contrôle. Ces avions sont téléguidés un peu comme un jeu vidéo, avec des manettes. Mais les contours des images qu'ils captent restent flous. Nous voyons des taches de couleur qui nous indiquent qu'il y a une personne, un animal ou une voiture en mouvement ". Ouf! Les amateurs de galipettes en forêt peuvent continuer à s'ébattre en toute quiétude...
L'armée aimerait renouveler sa flotte
L'armée souhaite renouveler sa flotte de drones, qui date de 2001, d'ici la fin de la décennie. Le choix s'est porté sur le système de drones Hermes 900 HFE de l'entreprise israélienne Elbit Systems. Ces drones de reconnaissance non armés se sont imposés face au Super Heron de l'entreprise concurrente Israel Aerospace Industries. Le système Hermes a été choisi car il a obtenu le meilleur résultat global de tous les critères d'évaluation. Mais les deux systèmes de drones avaient rempli au mieux les exigences lors de l'évaluation préliminaire. Ce nouvel engin coûte environ 250 millions de francs et sera vraisemblablement soumis au Parlement dans le cadre du programme d'armement 2015. Cette nouvelle génération d'aéronefs peut voler pendant près de 40 heures et venir se poser automatiquement sur n'importe quel aérodrome militaire. Il produit beaucoup moins de bruit que les drones actuels. Mais il est difficile à ce jour de savoir si les contrôles nocturnes s'intensifieront et seront assurés en toute saison. Pour l'heure, il faudra encore supporter les bruits de tondeuse à gazon durant les nuits d'été...
DOMINIQUE SUTER