Le projet d'extension coûtera environ 30 millions de francs.
Il y a un an, la Fondation pour le Musée du Léman voyait le jour. Avec un but précis, à savoir mener à bon port l'extension de l'établissement culturel nyonnais. Jeudi, son président, Daniel Rossellat, a présenté le lauréat d'un concours international d'architecture (lire encadré). C'est le cabinet lausannois FHV, Fruehauf, Henry & Viladoms Sàrl, dont le projet est intitulé "Noviodunum", qui a régaté en tête.
Assurément, avec leur création, le musée, qui fête cette année ses soixante ans, prendra de la hauteur. Depuis les quais, l'actuelle bâtisse, datant de 1756, devrait être valorisée, selon le jury composé de représentants de la fondation, d'architectes, de municipaux, chefs de services Culture et Bâtiments qui a sélectionné ce dossier. Cette extension est surtout symbolisée par un bâtiment contemporain pointant vers le ciel à 12 mètres de haut. Un autre, plus modeste, reliera les deux et servira d'entrée principale. Depuis la promenade des Vieilles Murailles, cet agrandissement passera presque inaperçu en raison d'un toit végétalisé qui va recouvrir les nouveaux volumes.
Une fois le chantier terminé, la surface du musée sera de l'ordre de 4000 m 2 utiles. L'espace muséographique sera composé d'une salle d'expositions temporaires, d'une autre pour les expositions permanentes et d'une troisième pour accueillir des bateaux.
Recherche de sponsors pour financer les études
Un nouveau centre de documentation et un auditorium de 200 places étofferont l'offre. Cette dernière salle devrait favoriser la mutualisation des moyens des différents musées; une seconde entrée est d'ailleurs prévue latéralement pour réduire la distance avec les deux autres établissements culturels situés dans la vieille ville. Elle doit aussi renforcer l'attractivité du site, notamment en direction des Nyonnais, avec des conférences...
"Nous avons choisi un projet audacieux mais pas téméraire" , explique Daniel Rossellat qui ne voulait pas d'un dossier susceptible d'être rejeté par la population, d'autant que l'endroit est sensible et stratégique puisque c'est une entrée de la ville. Le syndic se dit prêt à débattre, convaincu de la nécessité de cet agrandissement pour éviter à terme sa fermeture, dans un segment concurrentiel avec les prochaines ouvertures d'Aquatis à Lausanne et de la Maison de la rivière à Tolochenaz. Il s'attend à des réactions de la population; le bâtiment en forme de pointe devrait faire débat. Dans ses remarques, le jury a d'ailleurs souhaité que les architectes "modèrent la hauteur de la façade pignon sur rue" . "Nous avons imaginé un nouveau belvédère sur le toit", justifie Carlos Viladoms, l'un des architectes lausannois dont le cabinet collabore également à la réalisation du futur Musée cantonal des beaux arts.
Pour la fondation, la prochaine étape va être de trouver des sponsors pour financer les études liées à ce projet, soit environ 3 millions de francs. Le concours d'architecture, d'un montant de 500 000 francs, avait déjà pu être réalisé en partie grâce au soutien d'une généreuse mécène. Carinne Bertola, l'ancienne conservatrice du musée, devenue secrétaire générale de la fondation, a pour mission de partir en quête de mécènes. " C'est une phase délicate , souligne Daniel Rossellat. En général, les sponsors veulent être associés à la victoire, mais à ce stade, il y a des risques pour que le projet ne se fasse pas." Et d'ajouter que les contacts déjà engrangés laissent entrevoir "des espoirs raisonnables" .
Au final, l'extension du musée devrait coûter environ 30 millions de francs. Daniel Rossellat espère une ouverture au début de 2018. Il note que le paradoxe de cet établissement culturel, c'est qu'il a une thématique unique, qu'il concerne trois cantons et deux pays, mais qu'il a prospéré grâce à des élans de particuliers, mais pas forcément grâce à une volonté politique. "Il bénéficie d'une position forte qui ne donne droit à rien!", conclut-il.
Quinze jours de gratuité
Les différents projets architecturaux sont exposés au Musée du Léman. Pour permettre au public de les découvrir, le musée est gratuit du 11 au 25 juillet de 10 à 17h (fermé le lundi).
MARIE-CHRISTINE FERT (m-c.fert@lacote.ch)