Un duo vaudois a été sacré récemment en art oratoire.
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Lorsqu'un camarade de la Sorbonne lui propose de participer aux Championnats du monde de débat parlementaire, c'est à Brian Favre qu'elle pense directement pour constituer un binôme helvétique. Aline Fuchs étudie le français moderne et réalise un semestre d'échange au sein de la prestigieuse université parisienne. Son compère de l'Unil effectue un master de droit et évolue avec la Pranginoise au sein de la troupe de spectacle Shanju (cirque, théâtre, équitation) à Ecublens. "Ce choix me semblait naturel, car la plupart des participants au concours étaient en droit et je connaissais très bien Brian", explique la jeune femme, installée confortablement dans un fauteuil de la cafétéria de la radio RTS où elle nous a donné rendez-vous avant son "job d'étudiante à Couleur3" . Organisé par la Fédération francophone de débat en mai passé, le concours réunissait 40 binômes francophones (France, Belgique, Canada, Afrique) et donc une paire helvète. "On s'y est inscrit un peu par hasard, sans réelle prétention mais plutôt pour le défi et par intérêt" confie humblement l'étudiante de 23 ans. Et pourtant.
Le titre pour la Suisse
Le principe de ces joutes mondiales un peu particulières est simple: 4 binômes - deux représentant le gouvernement censé défendre une loi et deux l'opposition - se défient pendant 60 minutes sur un sujet reçu une heure avant le duel, simulant un débat parlementaire, à l'image de l'Assemblée nationale française par exemple.
Les deux amis, surpris de passer les premiers tours, remportent tous leurs matches jusqu'à se hisser en finale, lors de laquelle un jury prestigieux et près de 450 personnes leur font face. "J'étais un peu anxieuse, il fallait assurer car la barre était haute!" avoue la Pranginoise. Le thème du débat final? "Le gouvernement veut lutter par tout moyen contre la suprématie de l'anglais" . De quoi ravir l'étudiante en lettres. "J'avais étudié la thématique et j'ai pu citer des auteurs et donner de bons arguments." Complice, complémentaire et à l'aise - "le théâtre nous a beaucoup aidés pour porter notre voix dans l'auditoire mais aussi pour la posture" - le duo vaudois remporte finalement... le titre mondial!
"Rencontrer toutes ces personnes, échanger, avoir pu imposer notre style face aux Parisiens qui ont pourtant le sens de la rhétorique sont mes meilleurs souvenirs" confie avec un sourire communicateur et beaucoup d'éloquence Aline Fuchs. "Tout le monde semblait heureux qu'on ait gagné" ajoute la Vaudoise, visiblement émue par la sympathie générée par les "petits Suisses".
Passionnée par le journalisme qu'elle pratique à côté de ses études, la Pranginoise rêve pourtant d'embrasser une autre carrière, une fois son mémoire rédigé. Un domaine où la rhétorique occupe un rôle majeur, puisque c'est sur les bancs de la faculté de droit qu'elle prendra place dès la rentrée en septembre prochain. Après Paris, c'est l'univers juridique que la championne du monde de débat francophone tentera de convaincre.
SYLVAIN BOLT