Des red holstein souffrent de pneumonie suite à des piqûres de tiques. Du jamais vu à 1200 mètres.
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C'est du jamais vu, de mémoire d'éleveurs! Une dizaine de vaches red holstein et holstein, propriété d'Olivier Chambaz, en estivage à l'Archette, au-dessus de Saint-Cergue, ont attrapé une forme de grippe qui a évolué en pneumonie. A l'origine de cette pathologie: une tique.
Le vétérinaire de Montherod, Frédéric Telfser et son collègue de Gland, Daniel Prodolliet, sont intervenus suffisamment rapidement pour maîtriser la maladie, grâce à l'administration d'antibiotiques. Les bêtes étant quasiment toutes portantes, il s'agissait de doser avec précision les médicaments, de manière à éviter des avortements.
Charly Rosé, le berger de l'Archette, connaît bien les bêtes dont il a la charge. Lorsqu'il s'est aperçu d'une brusque baisse de la production de lait chez sa vache Tory, lié à un état de fatigue intense, il s'est douté que quelque chose d'anormal se passait. " Elle avait 41,7 degrés de température, au lieu de 39. Pour une vache, c'est énorme. En l'espace d'un jour, elle est passée de 33 litres de lait par jour à quatre litres. Pas difficile de se rendre compte que quelque chose clochait! Elle peinait à avancer. Une fois soignée, la production de lait n'est remontée que lentement. Le manque à gagner est énorme, car à ce jour, neuf bêtes ont souffert de cette maladie. " Au dire de Charly Rosé, quatre bêtes malades ont également été diagnostiquées à la Givrine et cinq ou six aux Piles-Dessus.
Des tiques qui aiment de plus en plus l'altitude
Selon les observations du berger, souvent, ce sont les vaches qui montent à l'alpage pour la première fois qui souffrent de cette espèce de grippe. " Malgré tout, l'une de mes plus vieilles bêtes, Hermine, l'a quand même attrapée" déplore Charly Rosé.
Outre la perte financière due au fait que, sous traitement antibiotique, le lait n'a pas pu être commercialisé pendant la petite semaine que dure le traitement, c'est aussi des frais de vétérinaire et de traitement qui vont péjorer la recette. Sans compter la crainte, réelle, de voir les bêtes malades avorter. " Il s'agit d'un germe infectieux transmis par les tiques. Bien que les vaches aient le cuir épais, ces parasites s'installent vers les tétines, là où la peau est plus fine. Je n'ai pas souvenir de nombre de cas aussi élevés , admet Frédéric Telfser. " Il fut un temps où les tiques ne dépassaient pas l'altitude de 800 mètres. Ce n'est désormais plus que souvenir! L'Archette est à 1200 mètres" conclut le vétérinaire.
Ces bestioles, qui appartiennent à l'ordre des acariens, sont reconnaissables au fait que les adultes ont huit pattes. Ce sont des parasites qui ont besoin d'autres êtres vivants pour se nourrir de leur sang. Elles sont porteuses de maladies généralement graves, dont les plus connues sont l'encéphalo-méningite, une maladie virale qui débute souvent par une grippe accompagnée de fièvre, céphalées et douleurs articulaires. Il y a aussi la borréliose de lyme, qui peut frapper l'humain et qui, prise à temps, se traite par des antibiotiques. Comme ces petites créatures adorent batifoler dans les sous-bois et les prés, la météo de ces dernières semaines, particulièrement humide, a favorisé la repousse de l'herbe et, du même coup, un habitat de rêve pour ces acariens qui, sous nos contrées, ne craignent aucun prédateur. " En Afrique, certains oiseaux s'en régalent directement sur le dos des boeufs et autres mammifères. Mais en Europe, nos volatiles ne s'y intéressent malheureusement pas ", conclut le vétérinaire.
Chez l'humain, la meilleure prévention consiste à porter un pantalon et des habits à manches longues.
DOMINIQUE SUTER