Rencontre avec ceux qui font le Far à travers une série de portraits. Aujourd'hui, Bernard Delacoste, responsable de l'espace de la cour de l'Usine à gaz.
Monsieur Palettes, c'est lui. Mais dans la bouche de Bernard Delacoste, ces vulgaires morceaux de bois deviennent "volumes" , "espaces" , "concept" . Architecte de métier, mari de la directrice du Far, ce Valaisan de naissance s'occupe de concevoir la scénographie du festival depuis presque vingt ans.
Cette année, il a soulevé, avec une équipe de quatre personnes, 30 tonnes de bois, ce qui représente 2000 palettes, louées pour l'occasion. "C'est un clin d'oeil à Adolphe Appia, référence dans l'histoire de la scénographie, au théâtre (ndlr: né à Genève en 1862 et mort à Nyon en 1928). Il parlait d'espaces rythmiques..." Résultat: douze installations dans la ville de Nyon s'ajoutent à une sorte d'étendue de vagues en palettes, dans la cour de l'Usine.
Pour lui, ces palettes sont directement liées au fil rouge du Far, "Parade", évoquant le déplacement... Ce thème inspire l'homme obsédé par l'espace. "Un défilé est un déplacement qui ne revient jamais en arrière, même si on peut passer deux fois au même endroit. Finalement, c'est comme dans l'organisation d'un festival."
Des idées, ce quadragénaire en a égrainé depuis celle de concevoir un décor constitué de 30 tonnes de bottes de pailles, en 1996. Sa première édition. "C'était à peu près la même idée qu'avec les palettes quand on y pense." Depuis, chaque année, Bernard Delacoste relève le défi d'habiller cet espace devant l'Usine à gaz. "On ne s'en rend pas compte, mais cette cour est immense lorsqu'elle est vide."
Un travail colossal, un challenge. Quelle motivation pour recommencer chaque année? "Ce que j'aime au Far, c'est le "faire". Ici, contrairement à mon travail quotidien, je ne suis pas dans la conception pure, je dois fabriquer." Cependant, Bernard Delacoste explique que ces volumes sont réalisés avec des logiciels d'architecture professionnels.
Architecte à Genève, donc, mais aussi passionné depuis toujours par le monde culturel. "Pour mon diplôme, que j'ai passé à Lausanne, je m'étais d'ailleurs basé sur un film de Jean-Pierre Jeunet." Avec Véronique Ferrero Delacoste, il a aussi géré la technique d'un théâtre pour enfants en Valais, où madame s'occupait de la programmation. Il a aussi touché à la scénographie, au théâtre toujours, et à l'éclairage, dans la danse cette fois.
Pour cette édition anniversaire du Far, le travail s'est intensifié pour Bernard Delacoste et ses collaborateurs. Ils ont commencé quinze jours avant le début du festival, contre cinq habituellement. CECILE GAVLAK