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Hazeline van Swaay-Hoog, au clair de lune

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La directrice de LunaClassics a créé le festival en hommage à son père, un musicien amateur éclairé. Sa passion pour l'organisation d'événements s'est dévoilée à elle sur le tard. Portrait d'une femme qui sait ce qu'elle se veut.

contessa@lacote.ch

De ses grands yeux bleus, elle vous regarde droit en face, le propos est franc, sans hésitation, le sourire éclaire régulièrement son visage. Hazeline van Swaay-Hoog connaît le succès, qu'elle savoure et dont elle est fière: elle ne l'a pas volé. "J'ai toujours beaucoup travaillé, mais jamais autant que maintenant. Quand on a la chance de se découvrir une passion et d'en faire son travail, c'est formidable. Mais il faut avoir la compétence de se lancer, ne pas avoir peur. On acquiert cela au cours de sa vie. Parfois, je me dis que je serais tout aussi bien sur une plage. Mais je sais que je me trouverais autre chose à faire."

Le LunaClassics, qui s'ouvre ce soir à Nyon, n'aurait pas existé sans Dick Hoog, le père de la directrice du festival. La figure emblématique du St Prex Classics a créé cet événement pour lui; mais à l'origine elle n'entendait pas en faire un festival. "C'était un homme d'affaires qui a été directeur général de Nestlé, il était un musicien amateur averti." La jeunesse de la directrice, passée aux Philippines, est bercée de mélodies. "Je me suis endormie avec de la musique de chambre. Dès qu'un groupe passait par Manille, mon père l'invitait à la maison."

Un deuil musical

Mon père voyageait beaucoup, à l'âge de 11 ans, nous nous sommes installés en Suisse. Scolarité obligatoire, droit, école hôtelière, marketing, la future directrice multiplie les formations. A 85 ans, son père s'est remis à la musique, invitant des artistes à la maison. Pour ses 90 ans, elle organise un concert privé dans sa propriété. Elle garde l'image magnifique de son père, "droit comme un i". "On avait invité des amis. Je lui avais dit, l'année prochaine, on fera ça en grand." Mais il décède subitement. "J'ai alors voulu tenir ma promesse et, en 2006, nous avons fait nos débuts à l'église romane de Saint-Prex. Ma mère était présente et, pour la première fois de ma vie, elle m'a dit: je suis fière de toi." Le St Prex Classics n'est somme toute rien d'autre qu'une histoire d'amour familiale. Pour sa mère, ancienne danseuse qui gérait la seule école de danse de Manille, elle invite, l'année suivante, d'anciens solistes de Béjart. Le festival est en route.

Hazeline van Swaay-Hoog est partie de presque rien, sans carnet d'adresses. "J'ai travaillé dans le marketing pour Cartier, Piaget, L'Oréal... Ensuite, j'ai ouvert mon propre cabinet de chasseur de têtes, juste pour voir si j'étais un bon entrepreneur. Mes amis me disaient: tu devrais faire dans l'événementiel!"

Pour la programmation de Luna, elle s'est entourée d'un comité artistique, composé notamment de Renée Auphan, ancienne directrice des opéras de Lausanne et Genève, Jean-Pierre Althaus, ancien directeur de l'Octogone, Michel Dami, ex-chef du département culturel de la RTS et Jean-Pierre Pastori, journaliste et historien de la danse. "Je ne sors pas du milieu artistique, je n'ai pas été agent, donc je décloisonne. Le plus important, c'est la rencontre. Il est essentiel pour le public de voir des choses différentes. Je veux que les spectateurs passent un bon moment, qu'ils quittent Luna en fredonnant un air. Le festival est aujourd'hui installé, mais au départ j'avais zéro crédibilité."

Convaincre

Ce festival est-il une réponse à la peur de s'ennuyer? La question l'énerverait. "Je ne pense pas que la peur de m'ennuyer est mon moteur, mais bien plutôt la curiosité, je veux toujours apprendre. Cela me pousse à entreprendre, la découverte est mon moteur, ça garde jeune, agile et je trouve ça formidable. Mon père avait cette curiosité."

"On voit que je travaille beaucoup. Je me déplace, je suis allée à Moscou pour convaincre le violoniste Vadim Repin de se produire sous Luna. Il a fini par accepter et à la fin du festival, il est venu vers moi et m'a dit: merci Hazeline d'avoir insisté." Un compliment sous forme de récompense.

Le festival mise sur un accueil intime. Les stars logent chez l'habitant. "En général, elles jouent le jeu, cela complique certes notre organisation, mais cela permet de créer des liens, de favoriser des rencontres entre des artistes confirmés et des jeunes talents." Le reste de la famille van Swaay-Hoog, son mari épousé il y a trente-deux ans et ses deux grands enfants, Harley et Quirine, se sont habitués à cette cohabitation.

Le déménagement à Nyon de la 9 e édition du LunaClassics n'a pas été facile. "C'est une surcharge de travail énorme. Mais nous n'avions pas le choix, le festival était devenu trop grand, tant par son rayonnement que médiatiquement. On ne veut pas être un festival local, moi je suis internationale, c'est la façon dont j'ai été construite. Il fallait placer l'événement là où il y a des infrastructures. Selon une étude réalisée par le Service de la promotion économique de l'Etat de Vaud, notre festival pèse 42 millions, en termes de retombées économiques, grâce à la retransmission de nos concerts sur les chaînes Mezzo et RTS ."



CONTESSA PINON

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