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Un homme aux doigts de fée

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Rail-Expo, ce n'est pas qu'une exposition pour fans de modélisme. On y trouve aussi les créations de miniaturistes. Dominique Vuillerme est l'un de ces fous de l'infiniment petit.

jlaurent@lacote.ch

Les préjugés vont bon train quand on évoque Rail-Expo: on qualifie volontiers la manifestation d'un brin désuète et poussiéreuse, faite sur mesure pour les seuls fous de modélisme et, qui plus est, d'un autre âge, celui de nos grands-pères. Lorsque l'on pousse malgré tout la porte du collège de Marens, on tombe effectivement sur des modèles réduits de véhicules qui n'intéressent que les passionnés ou alors les tout jeunes enfants, le regard encore émerveillé par un petit train filant à toute vitesse sur un circuit.

Et pourtant, une des salles - que l'on surnomme désormais celle "des filles" - recèle des trésors de créativité. Et nous voilà confrontés à un autre préjugé: oui, il y a bien des filles douées - Nadine Zeller, styliste pour poupées Barbies ou Maya Robadey et ses objets et intérieurs miniatures si délicats qu'on peine à croire qu'une main humaine ait réussi à créer de si petits objets à l'échelle 1/12. Et là, au milieu des poupées et des Barbies, on tombe sur un homme fan de miniatures.

Dominique Vuillerme imagine non seulement des intérieurs minuscules, mais réalise pratiquement tout ce qui les compose, des murs au sol, en passant par l'ameublement ou les victuailles qui garnissent ses saynètes. L'habitant de Saint-Sulpice brode au point compté lorsqu'il s'agit de recouvrir un canapé ou un fauteuil, tresse d'infimes corbeilles, réalise en pâte à modeler ses fruits et légumes, viandes et pains, confectionne de minuscules fleurs - 53 pétales collés au cure-dents pour une pivoine - dans le but d'agrémenter ses diverses "scènes de la vie".

Le Serpelious ne voit pas en quoi le monde de la miniature, qui exige en effet des gestes très délicats et beaucoup de patience, serait un bastion féminin. "Pourquoi les hommes ne pourraient-ils pas aussi créer des choses fines et minutieuses? La création n'est pas l'apanage d'un sexe" , affirme-t-il, balayant les préjugés d'un revers de la main. Il évoque simplement son besoin de créer qui, pour lui, a pris le chemin de la miniature plutôt que celui de la sculpture ou la peinture. Il admet avoir baigné, enfant, dans un univers froufroutant. Sa grand-mère était couturière pour de grandes maisons de haute couture, d'où une sensibilité féminine qu'il ne renie d'ailleurs pas.

La vie en miniature

"Je suis venu à la miniature bizarrement. Je collectionne depuis tout petit des fèves des rois et je ne sais plus où les mettre. Elles dorment dans des boîtes ou des sacs en plastique. Un collègue m'a dit un jour avoir vu des meubles de poupée parfaits pour accueillir mes fèves. C'est comme cela que je suis tombé dans le chaudron de la miniature" , raconte-t-il.

Au début, Dominique Vuillerme s'est contenté de mettre en scène ses fèves dans les meubles qu'il acquérait en magasin. Puis, de fil en aiguille, il s'est mis à réaliser lui-même pratiquement toutes les pièces. A Nyon, Dominique Vuillerme exposait un restaurant dans lequel ses fèves servaient de décor, une de ses premières créations abouties, datant d'une dizaine d'années. Le Serpelious avait alors réalisé lui-même le plafond à caissons et le parquet - latte par latte, précise-t-il. Les meubles avaient été achetés, mais Dominique Vuillerme avait confectionné lui-même les rideaux, les placets des banquettes, les tapisseries et les tableaux imprimés sur tissu.

Une de ses dernières créations consacre une nouvelle fois son goût pour le monde de l'hôtellerie et de la restauration - il est maître d'hôtel de formation. Dominique Vuillerme a mis en scène la cuisine d'un restaurant, une création qui aura nécessité 200 à 300 heures de travail. Car il s'agit bel et bien d'une mise en scène qui raconte une histoire, restitue une ambiance et nous incite à observer le tout avec plus d'attention. "Voyez, la plonge n'est pas faite, la poubelle regorge de détritus, la nappe est de biais. En cuisine, la brigade doit être prête à envoyer, les clients attendent de l'autre côté!"


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