Le passage Duboulet honore une famille présente depuis 1280.
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Fouiller dans les Archives cantonales permet d'entrer dans la petite histoire. Partir sur les traces de la famille Duboulet est un plaisir qui ne fait pas exception à la règle.
Ce n'est que depuis 1980 que toutes les rues du village de Trélex portent un nom. A l'entrée du village, au-dessus de la gare, existe le passage Duboulet. Une magnifique ferme rénovée en borde l'entrée. Pour la commune, c'était l'occasion d'honorer ainsi la plus vieille famille du village. Car si, aujourd'hui, plus aucun Duboulet ne vit au village, pendant plus de 700 ans, ils ont marqué la vie locale.
On trouve trace de cette famille peut-être en 1280. Elle pourrait avoir pour origine Vullierme du Boulu. Celui-ci, né vers 1280, soit avant le Pacte fédéral d'alliance, donna son consentement à l'acquisition des Parellies, par la commune de Trélex en 1311. Un peu plus tard, du Boulu est devenu Du Boulet. Un acte du 24 février 1388 en atteste. Il stipule: "Hugonet Du Boulet, curé de Trélex, aberge à Jean Alliod un tiers de pose de terre "En Jurpanex", territoire de Trélex". Plus tard, le 28 avril 1418, un Hugonnet du Bouloz reconnaît divers biens, maisons et autres immeubles derrière Trélex. Enfin, un Etienne Dou Boulet fut présent lors de l'acquisition de la Trélasse, en 1441.
Les Archives cantonales nous apprennent aussi que Jacques Du Boulet possédait une parcelle de terre sise derrière Trélex, au lieu-dit "En Combes Mochonat" en 1488. Son probable petit-cousin, Jean, a eu quatre enfants, Pierre, Claude, Jacques et Bernard. Le 20 décembre 1604, un acte de reconnaissance à cause du château de Saint-Cergue fait mention d'un Jacques Duboulet, cité comme gouverneur. Il est mort avant le 19 février 1623 avec, pour conséquence, le placement sous tutuelle de ses deux enfants Georges et Jacques. En 1781, lors de la création de la toute première compagnie de pompiers, il est fait mention d'un Nicolas Duboulet. Est-ce le fils ou petit-fils de Georges ou Jacques?...
De Trélex à l'Algérie
En 1850, Trélex abrite 320 âmes. La vie est difficile. Beaucoup sont tentés par l'exil. C'est le cas de Jean Daniel Duboulet. En effet, huit personnalités genevoises et vaudoises créent une compagnie coloniale en Algérie avec la bénédiction de l'empereur Napoléon III. Le décret impérial leur concède 20 000 hectares avec la possibilité d'implanter dix villages aux portes de la Kabylie, en Algérie. Le recrutement des colons s'effectue par un battage efficace dans le canton de Vaud. Paris leur accorde le passage maritime gratuit pendant 10 ans. Le coût maximum de chaque maison est fixé à 2500 francs, et chaque colon est tenu de déposer 2000 francs destinés notamment à l'achat des bestiaux et instruments nécessaires à la mise en culture des 20 hectares concédés dans cet ancien grenier à blé des Romains. Jean Daniel Duboulet part avec 300 francs en poche pour Sétif, en Algérie. Il est âgé de 25 ans et, semble-t-il, il a émigré tant par spéculation que parce qu'il n'était "pas très bien vu de ses parents" (sic!) . Mais les désillusions guettent les colons. Cette émigration sera un échec. En 1958, la Compagnie genevoise des colonies suisses de Sétif a fait l'objet d'une expropriation du gouvernement français pour racheter les terres et les redistribuer aux indigènes. Qu'est devenu Jean Daniel Duboulet? Depuis 1890, seules 60 personnes sont nées en France avec ce patronyme. Peut-être sont-ce ses descendants?
Plus récemment, la famille Duboulet a compté de nombreux syndics, à l'image d'Ami Duboulet, de 1905 à 1917, puis Louis, d'août 1939 à 1957. Ce dernier fut aussi juge au Tribunal du district de 1942 à 1973. Pour la petite histoire, il a incarné Jules César au cortège du bimillénaire de Nyon en 1958. Il est décédé en 1997, et son épouse Rosette l'a suivi l'année suivante. Ils n'avaient pas d'enfants. Le village n'a donc plus aucun représentant de cette ancienne famille.