Les nouvelles rames du Nyon-St-Cergue vont arriver prochainement. Mais le nouveau hangar fait défaut...
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Michel Decurnex, responsable des infrastructures à la compagnie du Nyon-St-Cergue s'arrache les cheveux. Ces prochains jours, la première nouvelle rame de train va arriver. Seul problème: le hangar des Plantaz est trop exigu pour la recevoir, et le nouveau dépôt est loin d'être acquis.
Un casse-tête qui préoccupe la direction, laquelle a déjà eu de nombreux contacts avec la conseillère d'Etat Jacqueline de Quattro, en charge du SDT (Service du développement territorial). " Nous avons dû effectuer des travaux coûteux pour retaper tant bien que mal le toit du dépôt des Plantaz. Les installations sont désuètes et nous avons dû menacer d'interdire à quiconque d'y entrer pour que les choses bougent un peu. Que faut-il faire de plus pour être entendus? ", s'énerve Michel Decurnex.
Depuis deux ans, la mise à l'enquête est achevée
Le projet de dépôt à l'Asse a été mis à l'enquête en 2013. " Après avoir étudié de nombreux projets, nous sommes arrivés à la conclusion que le seul endroit où il était possible de réaliser cet ouvrage était à l'Asse ", résume Michel Decurnex. Il y a eu beaucoup d'oppositions. " Trois services de l'Etat ont émis des voeux, que nous avons réalisés. Par exemple, nous avons dû prévoir l'aménagement de la parcelle avec des couloirs écologiques, des haies, même un étang pour abriter les batraciens. Nous avons répondu à toutes les attentes. On a dû refaire une étude qui tendait à démontrer que la seule et unique parcelle qui convenait était celle choisie. Puis, le SDT nous a dit qu'il n'entrait pas en matière car nous devions trouver une surface d'assolement, comme le prévoit la Loi sur l'aménagement du territoire (LAT). Il s'agit d'une surface équivalente, laissée à la nature. Nous avons demandé à toutes les communes riveraines du train, aucune n'a de terrain de 20 400 m 2 qui s'y prêterait ou alors, quand elles en ont, elles les gardent pour elles. Je comprends, car il s'agit de déclasser une parcelle en zone constructible pour la passer en zone d'assolement, se désole M. Decurnex. Qui ajoute: Ce qui m'étonne, c'est que Paléo utilise environ un tiers de cette parcelle. Tout ce qui est en amont du chemin en béton est sur cette parcelle, propriété de Trélex. Comment se fait-il que Paléo puisse utiliser cette parcelle et pas le Nyon-St-Cergue?" se demande-t-il.
Le NStCM pourrait bénéficier d'une exception
Trois options se profilent: soit la Confédération est d'accord de faire une exception et donne le droit de construire. Soit la société trouve une surface compensatoire et le problème est réglé, soit la LAT est appliquée strictement et le dépôt ne se fera pas... " D'un côté, on nous demande de passer à une cadence au quart d'heure et d'augmenter l'offre, et de l'autre, on ne nous autorise pas à construire les structures qui nous permettent d'honorer notre mandat... ", conclut, aigri, M. Decurnex.
Christian Exquis, chef de service ad interim au SDT, n'est pas aussi pessimiste. " L'Office fédéral des transports a pris la décision de suspendre ce dossier dans l'attente de sa mise en conformité complète. Il ne sert à rien d'envoyer une demande tant que ce problème de compensation ne sera pas réglé ", dit-il.
La conseillère d'Etat Jacqueline de Quattro, la direction du Nyon-St-Cergue et des membres du Conseil régional se sont rencontrés la semaine passée pour résoudre ce problème. " J'ai bon espoir qu'une solution soit trouvée d'ici fin mars. Si nous n'avons pas d'arguments très convaincants sur la question de la compensation, il y a un risque que l'Office fédéral du développement territorial fasse recours. Nous allons accentuer notre plaidoirie sur le choix du site, en démontrant qu'il n'est pas possible de construire ailleurs ce dépôt. Nous allons aussi démontrer que nous avons cherché partout une surface de compensation. Techniquement, la zone concernée serait affectée en zone dite spéciale, plutôt qu'en zone à bâtir. Ce qui n'empêchera pas de devoir compenser les surfaces d'assolement, comme le prévoit la LAT. En dernier recours, nous prendrons sur la marge de surface d'assolement à disposition du canton, car il s'agit d'un projet non seulement d'intérêt régional, mais aussi cantonal".
Toujours est-il que, pour l'heure, ce nouveau dépôt n'est pas près de sortir de terre.