La galerie Speerstra accueille des graffitis à quatre mains.
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Raphaël Borer et Lukas Oberer pratiquent le graffiti et peignent ensemble, aussi bien en Europe que dans le reste du monde, depuis le début des années 1990. C'est à partir de 2007 qu'ils entreprennent un travail collaboratif, investissant le support de la toile ainsi que le papier et le bois. Cette collaboration débouche aujourd'hui sur l'exposition intitulée "C'est ça!", sous-titrée "la totalité est plus que la somme des parties", une phrase d'Aristote qui convient parfaitement à leur style graphique. Le vernissage est prévu ce samedi à la galerie Speerstra, spécialisée dans le graffiti et l'art urbain.
Entretien en anglais avec Raphäel Borer depuis leur atelier de Weil-am-Rhein en Allemagne. Il raconte sa collaboration fusionnelle avec Lukas Oberer, évoque leur parcours, du graffiti de rue sur immeuble jusqu'aux toiles géométriques présentées à la galerie de Bursins.
Vous avez commencé le graffiti il y a plus de quinze ans, comment votre travail a-t-il évolué jusqu'à ces grandes toiles abstraites et colorées?
Mis à part le fait que nous aimons tous deux la précision, nous avons trouvé une manière efficace de nous exprimer. Nous partageons un amour de l'expérimentation et, selon moi, c'est l'exploration continue des frontières de nos sujets qui forme la base de notre échange collectif. Quand on crée à deux, les circonstances ne sont pas toujours idéales, ce qui peut donner l'impression de rentrer dans un cercle vicieux. Mais cela ne nous empêche pas de créer malgré tout, encore et encore, pour briser ce cercle.
Comment vous répartissez-vous les tâches avec votre collègue Lukas Oberer?
Les tâches sont très nombreuses! Parfois nous travaillons ensemble, et d'autres fois nous séparons l'artisanat de l'administration. Mais dans les faits, nous faisons un peu de tout, tous les deux.
Qu'est ce qui vous différencie, artistiquement parlant?
Peut-être que mes travaux sont plus ronds et plus graphiques. Ceux de Lukas sont plus picturaux, parfois avec un peu plus de profondeur.
Comment décririez-vous votre travail, votre univers?
Notre travail s'est transformé au fil des années en une harmonieuse image de la combinaison de deux oeuvres d'art uniques, de deux univers graphiques complémentaires. Nos oeuvres se situent au-delà du visible, mais nous devons néanmoins les concilier avec le visible. Elles sont le plus souvent en mouvement, comme le temps.
Vous avez réalisé des travaux sur toile afin qu'ils puissent être exposés en galerie, quelle est la différence entre cette démarche plus institutionnelle et l'approche "classique" du graffiti, impliquant illégalité et actions en milieu extérieur?
C'est juste l'opposé! Probablement que la plus grande différence est tout simplement la lumière.
Pouvez-vous me citer quelques-unes de vos influences dans l'art de rue ou dans l'art en général?
Pas besoin d'aller aussi loin que l'histoire de l'art! Notre environnement de tous les jours nous inspire. Des activités aussi simples que manger, boire un verre, marcher dans les rues d'une ville ou voyager continuent d'enrichir quotidiennement notre travail.
Pourquoi avoir choisi "C'est ça!" comme titre d'exposition?
C'est la seule chose que l'on connaît en français (ndlr: l'artiste est germanophone) . C'est ça. C'est ça qu'on fait (rires) .