Coup de projecteur sur les films de trois réalisateurs: Ombline Ley, Carlos Segundo et Juliana Fanjul.
Cette semaine, Visions du réel projette trois films qui tentent de comparer les cultures afin d'en faire ressortir les absurdités les plus inavouées. Que ce soit à l'aide d'Internet, qui nous relie autant qu'il nous éloigne, ou du simple déplacement physique, Ombline Ley, Carlos Segundo et Juliana Fanjul posent leur caméra à cheval entre leur pays d'origine et le reste du monde. Pour poser de grandes questions sur les modes de vie alternatifs, les manières de vivre le deuil ou encore les différences sociales héritées. Les trois films se focalisent sur ces sujets non sans une bonne dose de tendresse. Au passage, ils racontent la beauté du présent, du passé et des paysages, qu'ils soient petits ou grands .
" Cavernicole", d'Ombline Ley, met en scène un Martiniquais qui jongle entre son quotidien de "clodo chic" à Paris et des conversations touchantes sur Skype avec sa mère. Auto-tatouages, fêtes punk dans les catacombes et soirées fétichistes font partie de son quotidien, que nous fait voir la jeune réalisatrice issue des Arts décoratifs de la capitale française. Ce mode de vie, en marge de la société conventionnelle, est filmé dans une lumière douce et esthétique. L'accent est mis sur ces mondes parallèles, étranges, que nous fait visiter, presque en silence, le protagoniste. Ce court métrage ravira les curieux, en mettant en lumière sur ces milieux souterrains inconnus.
"Atlantic Dorsal" . C'est le nom de deux plaques tectoniques qui s'éloignent peu à peu dans un mouvement de divergence. Mais aussi l'intitulé du film de Carlos Segundo, originaire d'Uberlândia au Brésil. Le film met en scène deux soeurs dont l'une a pu assister aux derniers jours de son père, au pays, tandis que l'autre, étudiante à Liverpool, n'a pas eu la même chance. C'est à travers des conversations via Skype que les deux filles vont tenter de faire leur deuil, malgré la distance. Elles se réconfortent comme si elles étaient dans la même pièce, jusqu'à une scène finale, tournée sur la plage de Liverpool.
La cinéaste suisse Juliana Fanjul, elle, est retournée dans la maison de sa grand-mère mexicaine afin de tirer le portrait de ces "Muchachas" , les fortes et discrètes employées de maison qui l'ont accompagnée durant son enfance. Dans l'ombre, ces dernières servent leurs "maîtres", en silence, comme si l'on était au siècle dernier. Lorsque la réalisatrice demande à une femme de chambre qui donne le bain au chien de sa patronne si elle possède elle-même une baignoire, évidemment la réponse est négative.
On n'en reste cependant pas à la comparaison économique de ces " deux parties de Mexico qui se rejoignent dans chaque maison ". Les personnalités, bien qu'effacées, de ces gouvernantes sont mises en avant, et on en arrive à les admirer, elles et leur labeur quotidien . DAJ