Ce système permet un troc de biens et de services sans échange de monnaie.
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Une heure de Feng Shui contre un gâteau d'anniversaire maison? Une lessive naturelle en échange d'un cours d'espagnol? Depuis plusieurs mois, les habitants de La Côte peuvent troquer leurs biens et services sans débourser un sou. Lancé en novembre 2012 par cinq mères de famille begninoises, le SEL (système d'échange local) réunit aujourd'hui une quarantaine d'intéressés. Le but: améliorer la densité du tissu social de la région en encourageant les échanges locaux. Une arme anticrise et antisolitude qui n'en finit pas de faire des adeptes en Suisse romande.
Le concept est simple. " Les personnes s'inscrivent à une soirée SEL pour faire connaissance avec les autres membres. Elles peuvent ensuite effectuer leurs échanges par le biais d'une plateforme Internet en indiquant ce qu'elles peuvent offrir et ce dont elles ont besoin ", explique Francine Lefèbvre, 43 ans, coprésidente de l'association. Un vrai jeu d'enfants. " Pas pour tout le monde , rétorque cette bibliothécaire. Les gens se demandent souvent ce qu'ils pourraient bien apporter. La démarche impose une certaine réflexion personnelle ", affirme-t-elle.
Une heure pour 60 grains
Avant de réaliser un échange, les membres s'accordent sur le prix, exprimé en unité de valeur virtuelle. A Begnins, une heure passée à rendre service vaut par exemple 60 grains, comptabilisés sur le compte des troqueurs. Des risques d'abus? " La limite des grains disponibles a été fixée à - 500 et +500. Mais les utilisateurs oscillent généralement autour de zéro ", signale Françoise Gariazzo Dessiex, 53 ans, également coprésidente de l'association. Le SEL, c'est avant tout une affaire de bonne foi. " Les gens doivent jouer le jeu. La transparence des échanges sur Internet reste encore notre meilleur garde-fou contre les petits trafics ", souligne-t-elle.
Car la limite avec le travail au noir n'est pas toujours évidente. " Le système s'appuie sur les principes de solidarité et d'échanges ponctuels. Il ne s'agit pas de proposer des services professionnels pour élargir sa clientèle. C'est une chose à laquelle nous restons extrêmement vigilantes ", assure Francine Lefèbvre. Ce n'est pas tout. " Nous veillons également à ce que le réseau ne serve pas d'outil de propagande politique ou religieuse. Par chance, nous n'avons encore jamais eu à intervenir ", précise la Begninoise.
Où sont les hommes?
Après quelques mois d'activités, le SEL commence à trouver sa vitesse de croisière. " Bien sûr, nous sommes toujours à la recherche de nouveaux membres. Car plus le réseau se densifie, plus l'éventail des services proposés s'enrichit ", poursuit Françoise Gariazzo Dessiex. Mais ce qui manque surtout aux cinq animatrices, ce sont les bricoleurs et autres as de la mécanique. " L'association compte trente-sept femmes pour quatre hommes. Nous espérons pouvoir inverser la tendance. " L'appel est lancé.