Plutôt que d'essuyer un cinglant revers, la Municipalité a préféré retirer le préavis de 12 millions de francs pour le nouveau port de Rolle attendu depuis 26 ans. Le chantier prendra donc du retard.
On annonçait une bataille homérique lors du Conseil communal, mais la guerre de Troie n’a pas eu lieu. Devant les menaces de voir son projet de port torpillé, la Muncipalité de Rolle a préféré retirer les deux préavis le concernant, soit celui portant sur le crédit d’investissement de 12 millions et le nouveau règlement de l’infrastructure. "Depuis la semaine dernière on sent une agitation dans les rangs du Conseil. On voit même se dresser des sabres brandissant un référendum. Avec ces menaces d’un refus du projet, le niveau de la discussion a atteint un niveau inadéquat. Il faut revenir à plus de calme", a déclaré Josephine Byrne Garelli devant les élus, pour justifier sa décision. Il faut dire que le risque que le port coule à pic était des plus sérieux, la Commission des Finances (CoFin) recommandant dans son rapport de ne pas accorder la somme dédiée à sa réalisation. La municipale a donc invité les chefs de groupe à une table ronde la semaine prochaine, pour mettre les choses à plat et discuter plus sereinement de ce projet attendu depuis 26 ans. Si le port n’est pas mort, cet ajournement provoquera un retard du chantier d’au moins une année; il était initialement prévu pour l’hiver 2015-16.
Les référendaires satisfaits
Avant même la séance du Conseil mardi soir, Pierre-François Charmillot, avait déclaré vouloir lancer un référendum en cas d’acceptation du préavis. Cette décision le réjouit donc pleinement aujourd’hui. "Ce coup d’arrêt nous satisfait. Il n’y a pas d’opposition idéologique contre le port, mais contre ce projet en particulier. Nous reprochons aux autorités de n’avoir étudié aucune autre variante et de n’avoir pas consulté les propriétaires de bateaux, qui sont pourtant les premiers concernés. Plutôt qu’un agrandissement, on aurait pu se contenter d’une simple réhabilitation du port à 7 millions." En outre, à entendre le conseiller communal Vert'libéral, le timing est particulièrement mal choisi. "La Municipalité agit dans la précipitation. Il y a des dossiers plus urgents que celui-ci, comme la cantine scolaire du collège du Martinet. Gérer une commune ne peut pas se résumer à une check-list de projets qu’on lance les uns après les autres, il faut établir des priorités!"
Un nouveau vote avant les élections
Le syndic Jean-Noël Goël croit à la solidité de ce projet. "Il est excellent et s’autofinance parfaitement. Nous ne demandons pas une confiance aveugle, mais nous constatons une défiance toujours plus grande à l’égard de la Municipalité. Malgré notre ouverture à la discussion, la Commission des Finances ne cesse de remettre en doute les pièces et les documents que nous lui soumettons ces derniers temps. Et le fait de parler de référendum avant même que le débat n'ait eu lieu, c’est grave." En dépit de ce climat houleux, Josephine Byrne Garelli espère maintenir le cap en soumettant ce projet avant la fin de la législature. Les travaux auraient alors lieu au cours de l’hiver 2016-17. Mais, Pierre-François Charmillot prévient: "Si la Municipalité s’entête avec le projet tel que présenté, alors nous lancerons un référendum, car de nombreux citoyens partagent notre avis."