La photographe Virginie Otth a transformé le lavoir du Bourg-de-Rive. Le résultat est stupéfiant.
La beauté de l'éphémère. Pendant un an, le lavoir du Bourg-de-Rive, face au lac, abrite la création de la Lausannoise Virginie Otth, intitulée Elliptique, "un kit poétique pour disséquer les outils du regard" . Et le regard devant cette installation est ébloui par les jeux de lumière des miroirs et de la lentille qui virevoltent au gré de l'air du temps. Suivant l'heure de la journée ou de la nuit, puisque la voûte est équipée d'un petit projecteur, le reflet de l'environnement dans les mobiles change en permanence; les couleurs se mélangent, se marient pour donner une composition en perpétuel mouvement. Au regard du résultat, on ne peut qu'être ébloui par la simplicité de l'installation qui est en fait le résultat de la grande expérience de la photographe.
Enseignante à l'Ecole de photographie de Vevey et à la HEAD de Genève, Virginie Otth aime comprendre le pourquoi du comment. Disséquer les appareils photo. D'où ce travail de déconstruction de la lumière exceptionnel.
"Un moment de grâce" , tel a été le commentaire du municipal de la culture Olivier Mayor en découvrant l'oeuvre. Ravi de voir que le résultat final correspondait aux attentes du projet défendu par l'artiste. Car Virginie Otth est la lauréate du premier Prix d'art intégré dans l'espace public, lancé par la Municipalité. Un montant de 32 000 francs a été affecté à cette initiative. Outre la Lausannoise, trois autres artistes avaient été conviés par la ville à participer à ce concours, Jean-Luc Manz, Luc Mattenberger et Sandrine Pelletier. Des artistes qui ne sont pas Nyonnais et dont le regard extérieur s'avérait intéressant pour le service culturel de la ville.
Originalité de ce concours: une liberté totale a été donnée aux concurrents. Ils pouvaient décider du lieu qui leur semblait le plus adapté à leur création. " C'est une chance extraordinaire de pouvoir choisir son espace. Ce lavoir constitue un magnifique écrin" , explique la photographe qui a arpenté la ville en long et en large avant de trouver l'endroit idéal. Restait ensuite à travailler sur le concept.
Déprédations
Une oeuvre éphémère, destinée à être présentée pour une année. "En principe", précise Olivier Mayor qui ajoute que si la population le souhaite, sa présence peut être prolongée. Une durée limitée qui ne semble pas, en tout cas, perturber la lauréate. "Une pièce réalisée pour toujours me fait peur" , assure Virginie Otth. En revanche, ce qui l'inquiète ce sont les déprédations. Car le week-end dernier, des personnes mal intentionnées sont montées sur le lavoir pour endommager une focale. "En général, il existe un respect pour le travail des artistes" , note Olivier Mayor qui regrette ces actes d'une grande malveillance. MARIE-CHRISTINE FERT