L'entreprise Cornaz, qui fabrique des produits en béton, célèbre 120 ans d'existence
JOCELYNE LAURENT
jlaurent@lacote.ch
Cent vingt ans d'histoire familiale, soit quatre générations qui se sont succédé à la tête de la fabrique de produits en béton, voilà un joli bilan. "Quand les autres faisaient des pâtés de sable, moi j'en fabriquais en béton" , sourit Michel Cornaz, directeur général de l'entreprise éponyme, représentant de la quatrième génération. Ses yeux s'illuminent lorsqu'il contemple une photo de lui, enfant, en train de perforer des tuyaux en béton. "Je suis né là-dedans", dit-il pour expliquer sa passion intacte du métier - qui peut étonner - mais qui a trait à l'aspect créatif insoupçonné de la profession. Sans compter que Michel Cornaz est issu d'une famille d'industriels auxquels il entend faire honneur. L'exemple du fondateur, Henri Cornaz, son arrière-grand-oncle, met la barre très haute (lire encadré).
Henri Cornaz choisit de s'établir "Au Clos", sur les lieux d'une ancienne scierie, à deux pas de la gare. Il en reste encore à l'heure actuelle un remarquable vestige: la cheminée de 26 mètres qui domine le site et qui est devenue un des emblèmes de la raison sociale. Si le fondateur opte pour Allaman, c'est que le sable et le gravier nécessaires à la fabrication du béton sont présents en abondance, dans le terrain, à deux pas de l'usine du Clos, puis dans la gravière située au bas du village, "En Chaney", où sera installée la seconde fabrique.
Pavés allamanais à Deauville
Les deux lieux de production subsistent encore aujourd'hui et ont chacun leur spécialité: sur le site historique, on y fabrique des dalles de jardin et, en contrebas de la route Suisse, des pavés et des murs de jardin. Par contre, aujourd'hui, l'entreprise doit acheter les matières premières: sable, gravier et ciment. Le mélange pour obtenir le précieux matériau se fait par contre toujours à Allaman. Les matières premières, une fois déversées dans la trémie, sont acheminées dans les deux immenses centrales à béton de chaque site. Là, elles sont mélangées dans un malaxeur - "c'est comme un pétrin du boulanger" , sourit Michel Cornaz - puis passent entre les différentes machines de production: cliveuse, presse et autres monstres de métal. "On a un métier bruyant et poussiéreux!"
En reprenant les rênes de l'entreprise en 1989, Jean-François et Michel Cornaz signent un renouveau de la production. Sans laisser de côté la fabrication de produits destinés à la construction, Michel Cornaz mise sur la création et le développement de nouveaux produits pour les aménagements extérieurs. Exit le gris maussade: de matériau fonctionnel, le béton se mue en élément de décoration, coloré, lavé, sablé, grésé ou clivé. Les pavés, dalles de jardin et autres murs sont l'occasion pour le directeur de déployer toute sa créativité, à l'image de pavés moulés sur d'anciens revêtements de la ville de Morges ou du projet de dalles à motifs de damasque.
La saga familiale continue
L'Allamanais a ainsi créé le pavé Baroco qui a fait l'objet d'un brevet et pour lequel douze licences ont été délivrées à l'étranger. Il orne désormais le Casino de Deauville. "On essaie de renouveler régulièrement notre assortiment. On a une place de leader sur le marché des aménagements extérieurs, sur lequel on a de très bons résultats" , relève Michel Cornaz. Le directeur général n'ira pas jusqu'à dévoiler toutefois le chiffre d'affaires de la société.
Faire face aux défis actuels n'est pas chose facile. Le marché des produits en béton diminue parallèlement au ralentissement de la construction, notamment des biens immobiliers individuels. La faute à la LAT, aux restrictions financières à l'investissement et à la concurrence des importations. Pour faire face au rétrécissement du marché, la société entend continuer à miser sur ce qui a fait sa force: la créativité et la qualité, en poursuivant le développement de nouveaux produits tendance et design et en proposant, d'autre part, des solutions d'entretien et de rénovation.
"Actuellement, nous étudions différentes alternatives pour pérenniser l'avenir de la société, auquel on croit beaucoup" , conclut Michel Cornaz. Depuis deux ans, la direction s'est d'ailleurs féminisée: Maria Cornaz, fille du directeur, siège au sein du Conseil d'administration.