Le projet de construire un immeuble pour des requérants au chemin des Tines est mal perçu.
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Lundi, la Municipalité annonçait lors d'une conférence de presse qu'elle souhaitait octroyer un droit de superficie à l'Etablissement vaudois d'accueil des migrants (EVAM), sur une parcelle communale située au chemin des Tines. Pour la Municipalité, il s'agit de proposer un projet basé sur la mixité sociale, pour éviter que ne se reproduise l'expérience de l'abri PC "En Oie" et la venue de célibataires dans l'attente d'une expulsion sans autre avenir que celui de dealer. D'où la collaboration avec l'EVAM qui, forte d'un budget de 6 millions de francs, construirait sur cette parcelle un centre d'hébergement de 33 logements afin d'abriter à cet endroit des familles, des couples et des célibataires.
Mardi, les articles sur cette annonce étaient affichés dans toutes les montées d'escaliers des immeubles du quartier. Surpris, inquiets, en colère, des habitants ont décidé de lancer une pétition contre cette construction. Ils organisent une séance de signatures ce vendredi soir au rond-point des Tines. Béatrice Enggist sera présente. "Pour moi, ce fut un choc!, dit-elle. C'est une véritable provocation!" Et elle n'est pas la seule dans ce cas-là puisque depuis mardi les échanges de mails et de coups de téléphone se multiplient à travers le quartier faisant naître un mouvement spontané d'opposants.
Référendum en vue si le préavis est accepté
"Ce n'est pas en construisant un immeuble-ghetto qu'on va favoriser l'accueil de ces personnes" , s'indigne-t-elle. Pour elle, l'EVAM aurait meilleur temps de loger ces migrants dans des appartements répartis à travers la ville. Et de prévenir que si le préavis municipal était accepté, un référendum d'initiative populaire n'est pas exclu. Des opposants qui pourront toujours compter sur le soutien de l'UDC, Sacha Soldini, le chef de ce parti au sein du Conseil communal annonçant qu'avec ses collègues, il validerait une telle proposition. "C'est un quartier extrêmement tranquille, ce terrain d'utilité publique serait plus approprié à un EMS par exem p le!" , martèle-t-il.
Tous les habitants ne sont pas dans cette logique. Un appel "Pour un quartier du Boiron accueillant" circule également. Laure Fæssler, une des initiatrices de cette démarche, note que les personnes qui s'installeraient dans ce centre d'hébergement ne seraient pas à l'aide d'urgence comme c'était le cas à l'abri PC. "Ce serait un immeuble d'habitation comme les autres, pas un foyer , insiste-t-elle. Cet appel vise à montrer que tout le quartier n'est pas opposé par principe à cette réalisation et à inviter la Municipalité et l'EVAM à tenir au plus vite une réunion d'information pour détailler le projet, et surtout faire retomber la tension naissante ."
Un préavis traité comme les autres
En charge de ce dossier au sein de la Municipalité, Stéphanie Schmutz confirme qu'une réunion d'information est prévue prochainement. La Municipalité n'a-t-elle pas commis une erreur en n'avertissant pas au préalable les riverains? "La possibilité d'une réunion a été évoquée , répond la socialiste. En même temps, nous ne voulions pas faire de ce préavis un événement ." L'élue revient sur la qualité du dossier, des relations avec l'EVAM. " L'ouverture de l'abri PC s'est faite dans la précipitation. Dans ce projet, l'arrivée des migrants serait cadrée, le contexte est très différent" , conclut-elle.
Lundi soir, lors de la séance du Conseil communal, la Municipalité va déposer ce préavis. Des riverains ont annoncé leur présence. Ils pourront prendre le pouls de l'assemblée délibérante.