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NRTV: il a évité l'écran noir

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Dans un contexte particulièrement difficile, pas question pour Florian Cavaleri de poser la caméra.

MARIE-CHRISTINE FERT

m-c.fert@lacote.ch

Qu'a ressenti Florian Cavaleri le 1 er avril dernier, en assistant en direct à ce qui ressemble à un arrêt de mort professionnel? Le journaliste était derrière sa caméra lors de la fameuse séance du Conseil intercommunal du Conseil régional qui a vu le refus de cette instance de soutenir financièrement NRTV. "Au moment du vote, je filmais la scène, j'avais une vision professionnelle de ce qui se passait, se rappelle-t-il. Quand Florence Rattaz, membre du comité de direction du Conseil régional, est venue me dire qu'elle était désolée, l'humain a pris le dessus et j'ai alors pris conscience que ce vote concernait directement l'employé de NRTV que je suis" .

Florian Cavaleri était à nouveau là, le 27 avril, lors du Conseil communal de Nyon pour filmer le vote d'une somme de 150 000 francs pour que l'aventure de la chaîne régionale se poursuive jusqu'à la fin de l'année. Avec, pour la Ville, l'ambition de monter un projet avec d'autres partenaires pour assurer la pérennité de la chaîne. Cette fois, le scénario du 1 er avril ne s'est pas reproduit, mais il n'est pas reparti pour autant le coeur léger, car il savait que son contrat de travail se terminait le 30 juin.

Toujours est-il qu'au lendemain du 1 er avril, Florian Cavaleri a maintenu la boutique à flot avec l'énergie du désespoir, l'angoisse du lendemain, continuant à faire ses reportages comme si de rien n'était. En interviewant ses invités, même ceux dont il sait pertinemment qu'ils ne sont pas favorables à une télévision régionale, ou ceux dont l'absence a été lourde de conséquences le 1 er avril dernier... Comme si de rien n'était. Rester pro jusqu'au bout, reléguer l'affect au second plan.

Le sens des responsabilités

"Qu'est-ce que j'aurais dû faire? Me mettre en arrêt maladie? Si je lâchais la rédaction, NRTV était morte , assure-t-il. Je tiens, et c'est pas facile, pour tordre le cou à tous ceux qui sont opposés à la chaîne régionale." Compte tenu de ses multiples reportages, de ses contacts réguliers avec les autorités, il est devenu le visage de la chaîne. Et d'ajouter qu'il veut poursuivre le combat pour ses collègues, moins exposés que lui, et les bénévoles qu'il a sollicités pour animer des rubriques. "J'estime avoir une certaine responsabilité vis-à-vis d'eux" , dit-il.

En toute modestie, car se mettre en avant n'est pas dans les habitudes de l'homme au chapeau. Au contraire. Depuis son arrivée à NRTV en 2011, il a toujours trimé, défendant l'importance de la rédaction au sein de la chaîne locale. "J'ai l'impression d'être tout seul dans une barque à rame, de régater face à des paquebots que sont "La Côte" et "24 heures", et de devoir arriver en même temps qu'eux sur la rive d'en face" , explique-t-il, allumant une xième cigarette depuis le début de l'entretien, signe d'une profonde anxiété, compréhensible au regard des circonstances. Car depuis septembre, et l'annonce du retrait du téléréseau nyonnais qui assurait une partie du financement des programmes diffusés par Orca Production, l'ambiance s'est dégradée, confie-t-il. Puis il y eut un audit, et un projet revu à la baisse suite au refus de la majorité des communes du district.

Le 30 juin, NRTV n'existera plus dans sa configuration actuelle. Pour renaître de ses cendres avant la fin de l'été. "Une chaîne régionale a toute sa place dans la région", certifie Florian Cavaleri. Il ne cache pas qu'il aimerait bien continuer l'aventure. En tout cas, il aura montré qu'avec pour toute défense une caméra, il est possible de défier l'écran noir. Et juste pour ça, il mérite bien un coup de chapeau!


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