Le nonagénaire a grandi dans la Perle du Léman avant d'y revenir dans le sillage de son épouse.
DANIELLE COLLOMB
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Louis Chambaz est né le 3 juin 1925 à la gare de Saint-Prex. Il raconte: "Mon papa était employé des CFF, il a ensuite été muté à Grandson puis, le 28 avril 1936, nous l'avons suivi à Rolle où j'ai fait ma scolarité et mon apprentissage de commerce et banque à l'Union Vaudoise de Crédit. Mon CFC en poche, je n'ai pas trouvé de travail, pensez donc, on n'engageait pas un jeune qui n'avait pas encore fait son école de recrue." En 1944, le jeune Chambaz est conscrit à Colombier chez les fantassins. Début novembre, il reçoit son ordre de marche: départ sous les drapeaux pour la couverture de la frontière à Bassins dans la compagnie 3/217.
"Soldat citoyen, qu'ils m'appelaient... Mais ce n'était pas vrai. J'étais soldat, certes, mais pas citoyen car encore mineur. Et en plus je n'étais pas militariste!" , peste encore Louis en souriant.
Louis Chambaz est employé au Crédit Foncier à Lausanne lorsqu'il rencontre une Rolloise, Françoise. Ils se marient en 1956, partent en voyage de noces à Saint-Tropez puis s'installent à Prilly. Deux fils, Jean-Daniel et Marc, naissent de leur union.
En 1964, la petite famille vient habiter les Petites-Buttes où réside la mère de Françoise, devenue veuve. "J'habite toujours la même maison, un étage en dessous. C'est mon fils Marc qui en est maintenant le propriétaire car ma femme est décédée en 1991 d'un cancer du sein. Depuis, je vis seul, je cuisine, je fais mes courses. Je sors très peu. Je suis un sauvage, je zappe, je lis ou je fais des mots croisés. Je ne voyage pas car, je vous l'ai dit, je suis casanier."
Il modère un peu le propos en concédant que jusqu'à il y a peu, il se rendait tous les week-ends à Mission où Françoise et lui avaient acquis un chalet. "Mon épouse était tombée sous le charme de ce petit village haut perché. Le Val d'Anniviers, ce n'est pas trop loin pour un pantouflard. Maintenant, la pente est trop raide et malaisée pour ma démarche parfois chancelante" , lâche le veuf quand tinte la sonnette de son entrée.
Le pas à peine hésitant, l'oeil vif et la chemise ouverte, le nonagénaire reçoit la municipale Joséphine Byrne-Garelli accompagnée de l'assistante de police administrative, Isabelle Mayeux, venues chargées de bouquet de fleurs, bouteilles de vin et gâteau au chocolat "Ah! vous apportez un gâteau pour le gâteux , raille Louis, qui ajoute immédiatement "ne vous offusquez pas, je plaisante souvent à pleins tuyaux." Isabelle Mayeux, qui croise le fêté en ville confirme: "Monsieur Chambaz a toujours un mot pour rire."