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Rive séduit moins le public

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Malgré un public nombreux, les brocanteurs ressentent une baisse des ventes.

MARIE-LAURE BIANCONCINI

bianconcini@lacote.ch

La foule des grands jours a envahi durant tout le week-end le bord du lac et le quartier de Rive. En ce dernier week-end de vacances, tout le monde était rentré et c'était l'occasion d'aller chiner à la grande brocante. Un rendez-vous incontournable pour les amateurs de belles pièces, pour les collectionneurs d'une multitude d'objets ou tout simplement pour les curieux qui avaient envie de flâner dans ce coin de la ville.

Diminution des ventes depuis trois, quatre ans

Si certains chineurs étaient arrivés dès l'ouverture dans le but de trouver une certaine pièce, la grande majorité des personnes regardaient, soulevaient délicatement tel verre en cristal, demandaient à voir la jolie bague sertie de marcassites, ou ce bénitier rococo, hésitaient et finalement repartaient sans rien avoir acheté. Attitude pas démentie par les brocanteurs. Ils sont nombreux à constater que depuis trois à quatre ans, le public achète moins. Comme Yvette Frossard, fidèle depuis douze ans, qui confie qu'elle vend moins. "J'ai toujours des clients fidèles. Mais il faut baisser les prix." Un autre professionnel relève que s'il y a toujours des amateurs qui aiment les beaux objets, certains se contentent de copies d'articles "vintage", parce qu'ils les paient moins cher que des originaux. Marinette Richard, antiquaire depuis 35 ans à Neuchâtel et qui fréquente la brocante de Rive depuis une dizaine d'années relève également que cela devient très difficile. "Les gens épurent beaucoup. Sans compter que la mode a changé. Il faut s'adapter. Par exemple, je "customise" de vieilles chaises. Recouvertes d'étoffes modernes, elles sont recherchées alors qu'avec un ancien tissu, elle n'attirent plus."

La concurrence d'Internet se fait sentir

Un changement de mentalité qui peut s'expliquer par les nombreuses possibilités d'achat par Internet. Certains professionnels demeurent pourtant sceptiques. "On trouve n'importe quoi à n'importe quel prix, souvent par méconnaissance, les personnes ne connaissant pas la valeur des objets. C'est vrai, on peut trouver des pièces à bas prix. Du coup des clients nous disent que nous vendons trop cher. Il y a un juste prix. En tant que professionnel, on se réfère aux catalogues. C'est notre métier" , s'exclame Irina Gote, fidèle à Rive depuis dix ans et propriétaire d'un magasin d'antiquités à Lausanne. Elle ajoute que si Internet représente une sacrée concurrence pour les professionnels, il n'y a pas de garantie.

Une concurrence que ne ressent pas William Louis. Longtemps collectionneur de montres mécaniques, réveils, radios, tous d'origine suisse, depuis mars 2015, il a choisi de passer de l'autre côté et est devenu brocanteur. "Si on peut faire de bonnes affaires, la plupart du temps pour le type d'objets que je propose on ne sait pas s'il s'agit de copies ou d'originaux. La plupart du temps, les gens relèvent que ce n'est pas correct." Et de préciser qu'il n'est tout bonnement pas possible de trouver certains objets par Internet. "Je propose un orgue bohémien de 1860 qui provenait du musée de l'Auberson. C'est le genre d'objet que vous n'allez pas dénicher sur Internet. Pour moi, il ne s'agit pas d'un concurrent. Je fréquente les brocantes les fins de semaines, par contre du lundi au mercredi, par le biais de mes contacts, je trouve et achète des pièces."

Le bouquiniste lausannois Patrice Faye, fidèle depuis le début de la brocante de Rive, confie pour sa part qu'Internet ne l'a pas privé de clients. "Moi aussi, j'y vais. Beaucoup de personnes me disent que c'est moins cher. Pas sûr. Souvent il ne s'agit pas de la même édition, du même tirage, des mêmes dimensions. Il y a beaucoup de choses dont il faut tenir compte. Je viens de vendre deux livres à une dame qui cherchait un ouvrage sur la porcelaine de Nyon. N'ayant pas trouvé sur Internet, du coup elle a déniché un deuxième ouvrage qui l'intéressait!" Le bouquiniste estime quant à lui que les vide-greniers ont fait du tort. "Chaque village a bientôt le sien. Il y a des gens qui pensent y trouver la perle rare. Mais souvent c'est un rêve. De grandes brocantes n'existent plus, la demande ne s'est pas renouvelée. Et puis, on rencontre peu de jeunes parmi les brocanteurs, on ne gagne plus sa vie avec ça", confie-t-il avec une pointe de mélancolie.

Un vague à l'âme qui ne semble pas gagner les promeneurs qui, même s'ils n'ont rien déniché, ont découvert le temps d'une balade de très nombreux trésors.


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