La commune préserve la biodiversité dans ses forêts, laissant une place de choix à des arbres-habitat, économiquement non rentables, mais riches de vie.
JOCELYNE LAURENT
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Mollens est par essence une commune forestière: sur les 1000 hectares que compte la bourgade, 560 sont en zone de forêt. Si, autrefois, la commune tirait la plus grosse partie de ses revenus des richesses de ses bois, il n'en est plus de même actuellement. "La vente du bois n'est plus rentable aujourd'hui, c'est un poste qui tend à être déficitaire. Les frais d'exploitation nous coûtent davantage que le produit de la vente", explique Andreas Lüthi, municipal des forêts. Par ailleurs, aujourd'hui, la valeur de la forêt ne se mesure plus uniquement à l'aune de son apport économique. Sa contribution à la biodiversité est considérée désormais comme un précieux atout.
Les autorités de Mollens l'ont bien compris, guidées par les conseils avisés de Jean-Michel Duruz, garde forestier du triage forestier intercommunal de Mollens, qui les a aidées à valoriser leur patrimoine. Car les forêts de Mollens, même si elles ne rapportent plus autant d'espèces sonnantes et trébuchantes que par le passé, abritent de vieux arbres qui servent de précieux refuges à la faune et à la flore. Ces respectables ligneux, appelés arbres-habitat (lire encadré), servent de lieux de vie pour une multitude d'espèces animales et végétales, d'où leur grand intérêt pour la biodiversité. C'est en raison de ce rôle indispensable dans la chaîne écologique que le canton a mis en place, dès 2012, un système de financement de ces hôtes végétaux d'un genre particulier.
Un lichen rare présent à Mollens
Pour l'heure, la commune de Mollens a inventorié 60 arbres-habitat dans la partie du Haut-Jura et 110 dans le reste du territoire. "C'est un plus qui contribue à alimenter le compte forestier. On touche 100 francs par arbre-habitat environ et 300 si c'est un chêne. La préservation de ces arbres-là participe au maintien - essentiel - d'une forêt diversifiée et permet en outre de donner une chance à la faune et à la flore de vivre dans son lieu d'habitat idéal et ainsi de les conserver" , relève le municipal.
On trouve, par exemple, dans le Haut-Jura, une espèce très rare de lichen, le lichen pulmonaire. Il vit sur l'écorce de vieux arbres, généralement des hêtres ou des érables. Véritable petit joyau du Haut-Jura, il est protégé par l'ordonnance fédérale sur la protection de la nature et du paysage (ONP) et figure parmi les espèces vulnérables de la liste rouge, étant presque éteint sur le plateau. Il est mis en danger par l'exploitation forestière également dans les Préalpes et le Jura. Les arbres y sont généralement abattus tellement tôt que les lichens ne peuvent pas se disperser dans des conditions idéales.
Projet de réserve forestière
Le lichen pulmonaire s'épanouit principalement dans des forêts intactes, en altitude, proches de l'état naturel et qui n'ont jamais été complètement déboisées. Ainsi, les hautes exigences écologiques du lichen pulmonaire en font un parfait indicateur de la qualité de l'air et de la présence de forêts préservées, riches en vieux feuillus.
Outre la préservation des arbres-habitat, la commune de Mollens a un projet de réserve forestière qui pourrait se concrétiser cet automne. Il s'agirait d'une zone exempte de toute intervention humaine, qui favoriserait également la biodiversité. Ce projet ferait l'objet d'une convention signée avec le canton sur cinquante ans.