De nombreuses rues et places portent le nom de Pestalozzi. A Rolle, son chemin fait angle avec l'avenue Général-Guisan.
Né à Zurich le 12 janvier 1746, Johann Heinrich Pestalozzi est l'un des pédagogues les plus reconnus au monde. Paradoxalement, c'est peut-être en Suisse qu'il est le moins connu, même si Rolle, Echichens, Romainmôtier, Yverdon, Genève et même Arcegno au Tessin ont leur chemin, rue ou place Pestalozzi.
Orphelin de père à 6 ans, Pestalozzi a très vite été sensibilisé aux injustices sociales. Même s'il peut suivre de très bonnes études, il les abandonne pour se lancer dans ce qui sera sa vocation: l'éducation pour tous. Son maître à penser, c'est Rousseau. Françoise Waridel, de la Société vaudoise d'histoire et d'archéologie, écrit: " quand Pestalozzi arrive à Yverdon, il a 58 ans et derrière lui un parcours chaotique pour cet homme qui sera mal compris, mal aimé, mais aussi admiré, glorifié, adulé comme l'un des grands et par les grands de son époque ".
En 1803, Pestalozzi est établi à Berthoud (BE) depuis trois ans. Son institut rencontre déjà une notoriété européenne. Cependant, il doit quitter ce lieu: le préfet, nommé depuis peu par les autorités de Berne, désire s'y installer. Trois villes du canton de Vaud nouvellement créées, Payerne, Rolle et Yverdon, lui envoient une invitation à venir s'installer en Suisse romande. Pestalozzi s'installe à Yverdon en automne 1804. La commune lui offre gratuitement le château pour son institut, qui est aménagé en dortoirs, classes, lieux d'accueil et appartement. Il rencontre un réel succès: on y vient non seulement de toute la Suisse romande, mais aussi du monde entier: Brésil, Cuba, Allemagne, Japon, Danemark... Un Japonais, fasciné par sa méthode totalement innovante dans l'enseignement des mathématiques, a fait traduire toutes ses oeuvres, il y a environ une trentaine d'années. Il a créé une université privée au Japon et faisait venir ses élèves à Yverdon pour visiter le musée qui lui est consacré. Il a même été jusqu'à demander, et obtenir, que ses cendres soient enterrées à côté de la tombe de Pestalozzi!
Philosophie inchangée
Aujourd'hui encore, il existe plusieurs Ecoles Pestalozzi, gérées par une fondation qui a été créée à l'initiative et avec les fonds de l'Association de l'Ecole Pestalozzi. La philosophie de son créateur - Sigismond Scheler, neveu de Pestalozzi - et des éléments fondateurs de l'école demeurent inchangés. Les internats socio-éducatifs avec enseignement spécialisé sont nombreux en Suisse. Il en existe un à Rolle, l'Institut Pré-de-Vert.
L'originalité de Pestalozzi consiste notamment à ouvrir l'accès à l'éducation à tous, filles et garçons, riches et pauvres, catholiques, protestants et juifs; ce qui, à l'époque, est une vraie révolution! En 1806, Pestalozzi, sensible à l'éducation que les jeunes filles doivent ausi recevoir, ouvre dans le bâtiment jouxtant l'Hôtel de Ville d'Yverdon un institut pour jeunes filles.
Puis, en 1813, l'un de ses collaborateurs, fort d'une expérience éducative avec deux garçons sourds, crée à Yverdon, avec le consentement de Pestalozzi, le premier Institut suisse pour enfants sourds-muets. Enfin, en 1818, il crée encore une école pour filles et garçons pauvres, qui ont déjà reçu une instruction, dans le but de former des maîtresses et des maîtres pour les classes de campagne.
Une des particularités de sa méthode est la place faite à l'observation de la nature, à l'enseignement de la géographie dans le terrain et aux excursions qui animent les périodes d'été. Il faut ajouter une discipline toute nouvelle: la gymnastique. Quant à la musique et au chant, ils participent aussi au bien-être des élèves.
Actuellement, la méthode Pestalozzi est résumée succinctement par "tête-coeur-main", c'est-à-dire le "savoir", le "savoir-être" et le "savoir-faire". Et Pestalozzi de préciser que " ces savoirs doivent être développés de manière équilibrée afin que l'être le soit aussi ". DS
Sources: Les grands pédagogues "Pestalozzi", par Jean-Jacques Allison et René Blind, paru aux Editions Loisirs et pédagogie. "Pestalozzi à Yverdon", de Françoise Waridel paru dans "Vaud sous l'acte de Médiation 1803-1813", Ed. Bibliothèque historique vaudoise.