Samedi, le CRDIS révélait le détail de ses interventions en 2013, le tout agrémenté de photos et vidéos. Une révolution...
Samedi en fin de matinée, le Centre régional de défense incendie et de secours (CRDIS) de Nyon Région communiquait son dernier rapport d'activités pour l'année 2013 aux diverses autorités. L'occasion non seulement d'annoncer les promotions (voir l'image ci-dessous) mais aussi de dresser le bilan de l'année écoulée. Et c'est la dernière fois que le commandant Pierre-Yves Corthésy rendait un tel rapport, puisque depuis le 1 er janvier, la fusion des corps de pompiers communaux est effective et a abouti à l'appellation Service défense et incendie (SDIS) Nyon-Dôle.
Pour le rendre plus "vivant", ce rapport a été ponctué d'images, de graphiques et de vidéos. Depuis 2005, année où une charte a été mise en place au sein du corps nyonnais, seuls deux officiers sont habilités à prendre des images des différentes interventions sur lesquelles les pompiers interviennent. Il s'agit du lieutenant Yves Gauthier-Jaques et du sergent Cédric Hartmann. " Pour nous, il était très important d'avoir une maîtrise des images prises et des supports sur lesquels elles apparaissent. Notre métier est de sauver, pas de filmer. Mais il est vrai que ces images nous aident aussi à recruter, car aujourd'hui l'image permet de mieux se vendre" , affirme le commandant Corthésy, initiateur de cette charte.
Car depuis l'arrivée sur le marché du premier iPhone, en 2007, la révolution par l'image est en route. On peine aujourd'hui à imaginer ce qu'était le monde sans internet, mais il devient tout aussi difficile de réaliser qu'il fut un temps pas si éloigné où prendre une photo nécessitait ensuite de développer, puis tirer les images, avant de les scanner pour les mettre sur le net. Aujourd'hui, des images d'incendie ou d'accident se retrouvent sur les réseaux sociaux ou les sites des journaux avant même que les pompiers ne soient sur place. Il devenait urgent, au sein même du corps de sapeurs-pompiers, de maîtriser ce flux d'images. " Je crains que la mode des témoins-lecteurs ne pousse certains à prendre des photos avant même d'appeler les secours ", s'inquiète le commandant.
A Nyon, jamais une photo choc ne figurera sur le site du SDIS. Par exemple, aucun corps, même recouvert d'un linceul, n'apparaîtra, même si parfois, de telles photos sont prises. " Nous utilisons des vues de désincarcération à des fins d'enseignement. Nous pouvons aussi prendre certaines images que nous tenons à disposition des enquêteurs. Par exemple, lors de l'incendie de la tour aux Tattes-d'Oie, les photos ont permis de voir que le feu a démarré en haut et est descendu, alors que tout le monde imaginait l'inverse" , argumente le commandant.
Morges suit, Lausanne et l'est du canton y songent
Le corps des pompiers de Morges vient juste de passer un même accord. Mais plutôt que de faire signer cette charte à chaque recrue, le major Eric Henry a préféré l'intégrer totalement dans les compétences du comité de direction. Il va de soi que chaque sapeur est tenu de la respecter. " Cette déontologie était évidente pour les anciens, mais beaucoup moins pour les jeunes, tient à souligner le commandant. Qui regrette que rien ne permette de maîtriser les vues enregistrées par des badauds. Et le commandant va même plus loin. Il ne veut pas maîtriser que l'image, il veut aussi maîtriser l'information. Désormais, un officier de presse répondra aux questions des journalistes, le simple sapeur n'aura plus loisir de parler aux médias. " Cette façon de faire séduit de plus en plus, évoque le commandant. Non seulement la Ville de Lausanne songe à s'y mettre, mais d'autres corps du canton aussi. Même l'Etablissement cantonal d'assurances l'envisage. " Une révolution semble être en marche...