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Elle a la passion du cinéma

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Mei Fa Tan signe un clip pour le groupe Arthur Sam.

www.meifatan.com

info@lacote.ch

C'était à la veille de l'été dernier. La remuante vidéaste Mei Fa Tan lançait un concours musical d'un nouveau genre via les réseaux sociaux ("La Côte" du 13 juin 2013) . "The Music Video Contest" récompenserait le groupe ou l'artiste dont le morceau récolterait le plus de voix sur Facebook. À ce jeu-là, c'est Arthur Sam, un groupe de la région créé en 2009 par le Français Stéphane Gorgerat qui, avec plus de 600 voix, remportait la mise. Soit 2000 francs et l'opportunité de tourner un clip vidéo, entièrement réalisé et produit par la jeune femme.

"Au début, les membres du groupe n'avaient pas une idée très précise de ce qu'ils voulaient , explique-t-elle. Je leur ai fait une proposition de scénario et de mise en scène. Mon idée était de faire un clip qui ne soit pas focalisé uniquement sur les musiciens." Le résultat vient d'être rendu public sur le site d'hébergement de vidéos Youtube. Avec sa forme épurée en noir et blanc et sa trame narrative, le clip de "D (about to die)" plonge le spectateur dans l'univers trouble de l'adolescence. "C'est une chanson mélancolique et douce qui évoque l'importance de profiter de la vie car tout peut s'arrêter à n'importe quel moment , poursuit l'intéressée. Pour illustrer ce propos, nous avons travaillé sur le thème de l'adolescence avec un jeune comédien. Dans le clip, on le voit en difficulté avec ses parents. Il teste les limites et jouit de ces moments de transgression jusqu'à ce que ça dérape."

L'art dans tous les genres

Collaborant fréquemment avec des acteurs, Mei Fa Tan aime investir le langage de la fiction pour apporter un autre point de vue sur un sujet ou renforcer un propos. "Lorsqu'on voit uniquement les musiciens, dans un clip, je trouve que cela semble égocentrique , explique-t-elle. En créant un mini court-métrage, on peut donner une nouvelle dimension à la chanson et mettre en valeur le message."

Qu'elle mette son talent au service des entreprises ou des musiciens, qu'elle réalise des teasers, des reportages ou des fictions publicitaires pour promouvoir, par exemple, le droit de vote auprès des jeunes, ou dénoncer la contrefaçon dans l'horlogerie, son credo reste le même. "Ce que j'essaie de faire, c'est d'apporter du cinéma dans tous mes projets. Pour moi, il n'y a pas de sous-genre." Loin de n'être qu'une succession de belles images, le cinéma, pour cette native de la région nyonnaise, c'est d'abord l'élaboration d'un message, la construction d'un contexte émotionnel susceptible de toucher au-delà des catégories sociales. "Je ne fais pas des films pour une élite , glisse-t-elle avec conviction. J'aimerais qu'un enfant, autant qu'un homme d'affaires ou une retraitée, puisse voir et comprendre mes films."

À seulement 23 ans, cette touche-à-tout n'a pas attendu l'obtention de son diplôme de l'Ecole de cinéma de Genève pour se confronter au terrain. D'ailleurs, si c'était à refaire, peut-être bien qu'elle passerait directement du gymnase (où elle a obtenu une maturité fédérale en section artistique en 2009) à la pratique professionnelle. "Plus des 80% des connaissances que j'ai acquises me sont venues du terrain, des erreurs commises, pas des cours théoriques" , commente-t-elle.

Au fil de nuits sans bruits

En 2011, elle se lance comme indépendante, crée son site internet, réalise un stage de plusieurs mois au CERN, puis multiplie les expériences sur les tournages. "Ce que j'aime dans ce métier, c'est sa diversité, le fait que la part artistique n'est qu'un aspect des choses , confie-t-elle. Il y a toute une dimension managériale à prendre également en compte." Sur le tournage il faut se comporter en leader. La gestion de clients, la location de matériel et le planning demandent un sens de l'organisation. Quant au montage, "ça fait appel à mon côté geek" , s'amuse-t-elle. " Parfois, je craque. Je me mets au travail à 19h et je fais une nuit blanche. J'aime ce contraste entre le travail collectif et la solitude. La nuit, il y a moins de distractions, pas de bruits dans la maison, pas de voitures qui passent, juste le silence et ton film."

On l'aura compris, cette amatrice des films de Hayao Miyazaki est une bosseuse, une passionnée qui ne compte pas son temps. "Car le talent ne suffit pas pour percer , assène-t-elle. Il faut en vouloir." Et pour décompresser? Mei Fa Tan voyage. Elle achète un billet d'avion et part. "C'est une façon d'offrir à la vie la possibilité de me surprendre. Quand je pars, je ne planifie rien."


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