Une nouvelle chocolaterie ouvre ses portes au centre-ville.
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"Cela m'a semblé facile et naturel", déclare tout sourire le futur chocolatier de la rue du Collège à Nyon. La boutique n'ouvrira que samedi, mais il émane déjà de ces quelques mètres carrés une atmosphère chaleureuse, douce et un peu espiègle. Un magasin à l'image de son propriétaire, en somme. "C'est peut-être parce qu'il s'agit d'une aventure familiale que tout me semble si évident", renchérit l'artisan un peu ému. Et il est vrai qu'entre la vitrine et le logo imaginés par sa fille de douze ans, l'implication de son épouse dans l'entreprise et les inestimables coups de main d'un beau-père bricoleur, l'homme a de quoi se sentir soutenu par sa famille.
Un cadre idéal pour se lancer tant Alexandre Paul l'aura ardemment désiré cette petite arcade nichée au coeur du vieux Nyon. Un emménagement que l'intéressé voit comme un retour aux sources. "J'ai fait mon apprentissage de boulanger chez Marti à Nyon, raconte Alexandre, j'ai toujours été très attaché à ma ville" . Pourtant, son métier de chocolatier, il l'apprendra à Bougy-Villars.
Il a fait ses armes dans le laboratoire de Tristan
C'est en 1999, qu'Alexandre Paul fait ses débuts à la chocolaterie de Tristan. Cette longue collaboration de quatorze ans verra la confirmation d'une philosophie héritée de son maître d'apprentissage de chez Marti. "J'ai appris à tout faire maison, à exclure le plus possible les produits industriels de mes préparations. Avec Tristan, nous sommes très vite tombés d'accord là-dessus, un vrai artisan se doit de procéder de la sorte".
En 2013, Alexandre éprouve pourtant le besoin de prendre son envol: "Durant la période de Noël, on pouvait être une trentaine à travailler à la chocolaterie, cette structure ne me convenait plus et je me sentais de moins en harmonie avec le propriétaire", concède Alexandre. Mais c'est surtout Nyon qui appelle le chocolatier, alors qu'il regarde la ville depuis les vignes de Bougy-Villars, durant ses pauses déjeuner. "Je me disais qu'il devait y avoir une place pour moi" .
Alexandre Paul n'aime pas trop remuer le passé et s'il lui arrive encore d'utiliser le "nous" lorsqu'il parle de son travail, son présent et son futur résident bel et bien entre les murs de sa boutique.
Synergies locales
Lors de la visite de son atelier et de son arcade, Alexandre présente toute sorte d'objets avec l'excitation d'un enfant. Des gabarits en bois fournis par la me nuiserie Meyer & Suter, les moules de lapins usinés par l'entreprise Charrières de Crassier ou les bouteilles de whiskies dénichées à la Cave à Jules. "C'est fou, j'ai accès à tout ce dont j'ai besoin dans la région! Les artisans et petits commerçants de La Côte sont de véritables mines d'or" .
Afin d'appuyer son propos, il sort une fine plaque de l'une de ses étagères. Il s'agit d'une de ses créations, un chocolat aromatisé au thé aux parfums de fruits de la passion. Une trouvaille faite à la Maison à Thé de la rue de la Gare lui a inspiré cette étonnante variété de chocolat noir. "Il faut expérimenter et tâtonner sans cesse, c'est ça mon métier. Travailler et respecter de beaux produits, mais aussi être aventureux et un peu casse-cou" . Les nombreux voyages (dont un tour du monde) d'Alexandre Paul ne sont sûrement pas étrangers à cette audace créatrice.
Rester enfant
"Le chocolat est un lien direct avec notre enfance, j'en suis convaincu", assène le chocolatier. Et quand il lui arrive de l'oublier, il lui suffit d'observer ses trois enfants déambuler dans la future boutique le sourire aux lèvres pour se le rappeler.
Alexandre nous présente pour finir ce qu'il décrit comme étant la pièce maîtresse du lieu: une imposante machine qui n'a plus l'air toute jeune. "C'est mon trésor, une Artofex de 1957, en trouver une a été le plus heureux des présages" . Il suffit de voir le regard émerveillé qu'il pose sur le vénérable outil pour comprendre que, chez Alexandre Paul, l'enfance n'est jamais bien loin.