Raoul Feignoux travaille depuis dix ans à La Garenne. Rencontre.
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Papa depuis un peu plus d'un mois d'un petit garçon (Sam-le brave, comme il se plaît à préciser), Raoul Feignoux affiche le sourire radieux des gens heureux. Un métier de biologiste qui le passionne, une épouse qui partage sa passion et qui est elle-même gardienne d'animaux, des rêves de voyages plein la tête, mais surtout la construction prochaine du nouveau zoo, voilà ce qui stimule le sympathique biologiste de La Garenne.
Casablanca, Agadir, Rabbat... Raoul Feignoux est né au Maroc. Il passe son enfance dans ce royaume d'Afrique du nord, où son papa, ingénieur, a été mandaté par une entreprise suisse pour construire des barrages. Il vit dans une grande maison où il y a déjà beaucoup d'animaux dont il s'occupe quotidiennement. Après le Maroc, c'est au Honduras que le jeune Raoul suit sa famille. Puis, c'est le grand retour en Suisse, d'abord en Valais d'où il est originaire, puis à Fribourg où il s'inscrit à la Faculté des sciences, en biologie. Une fois sa licence en poche, ni une ni deux, le jeune homme décide de réaliser un vieux rêve et part six mois en Nouvelle-Zélande. " C'était fantastique , se souvient-il. Non seulement j'ai pu perfectionner mon anglais, mais j'ai aussi découvert une nature extraordinaire. J'y suis retourné avec mon épouse. Nous pourrions sans hésitation nous y installer " relève-t-il.
De retour au pays, il ne trouve pas de job. Alors qu'il est au chômage, il a l'opportunité d'effectuer un stage de quelques mois au zoo de La Garenne. " A cette époque, le directeur, Pierre Ecoffey, était lui-même biologiste. Je n'avais guère d'espoir de pouvoir reprendre ce poste. J'avais alors été affecté à la cafétéria ".
Quelques mois plus tard, à l'été 2004, on le rappelle en catastrophe: le personnel manque, on a besoin de lui. Il intègre très rapidement la petite équipe et son contrat de travail se voit renouveler de mois en mois, jusqu'à ce que, enfin, il puisse signer un contrat à durée indéterminée. Depuis, l'homme a fait du chemin. Il est en charge notamment de tous les ateliers de zoopédagogie. Il accueille les enfants, organise toutes les animations. " J'aime beaucoup le contact avec les enfants, assure-t-il. Mais si je n'avais que cela à faire, je ne serais pas resté à La Garenne ". Parce que son travail consiste, aussi et surtout, à s'occuper des animaux, même si du personnel spécialisé est chargé du nourrissage et du nettoyage des cages.
Parmi ses passions figurent la photo et l'informatique. C'est lui qui centralise et gère toute une base de données pour chacun des 300 animaux de 87 espèces qui logent au zoo. " Il est important de consigner tout ce qu'il se passe chaque jour: noter les quantités de nourriture ingérées, si l'animal souffre de quelque trouble que ce soit, s'il est déprimé ou hyperactif... L'idée de cette base est de pouvoir anticiper les problèmes le plus rapidement possible ".
Il est un homme aux passions multiples
C'est lui aussi qui a installé une webcam dans le nid des gypaètes, caméra qui déménagera prochainement dans la cage des ratons laveurs qui viennent juste d'avoir une portée de petits. Aujourd'hui, quand bien même quelques espèces invasives qui ne sont pas d'origine européenne sont à découvrir au zoo (à l'image des ratons laveurs ou des ragondins, importés d'Amérique par des particuliers), La Garenne a clairement pris un chemin qui mettra de côté les animaux exotiques au fur et à mesure de leur disparition. Serpents, tortues de Floride, perruches et perroquets sont ainsi appelés à disparaître. " Nous orientons les gens vers d'autres centres spécialisés lorsqu'ils souhaitent se débarrasser d'un animal ", prévient-il.
Aujourd'hui, Raoul Feignoux est enthousiaste. A quelques centaines de mètres de l'entrée du zoo, les bulldozers attaquent la couche d'herbe qui recouvre le terrain. Ce sont les premiers travaux de construction du futur zoo. " Je suis ce projet depuis dix ans. Maintenant que nous sommes vraiment dans le concret, je suis impatient d'en découvrir la réalité ", avoue-t-il.
Cet amoureux des animaux aime aussi le sport. On serait tenté de dire "tous les sports"! Entre le parachute, le ski, le rugby, la planche à voile, le vélo, le basket et le tennis, Raoul Feignoux aimerait aussi beaucoup tenter le kitesurf, une technique qui consiste à surfer sur l'eau tiré par un cerf-volant. " Mais il est vrai que Sam nous prend beaucoup de temps. J'espère aller en famille découvrir le parc Kruger, en Afrique du Sud, et peut-être observer les requins au Cap, là où les deux océans se rejoignent... "
En attendant, Raoul Feignoux distribue bananes, noisettes et carottes aux différents animaux dont il a la charge. Tout en rêvant de La Garenne du futur!