Le graphiste nyonnais Simon Lécureux a imaginé un set de jardinage pour le géant du meuble suédois. Récit.
" Au départ, je ne me destinais pas du tout au graphisme: je voulais être pilote d'avion ", avoue d'emblée Simon Lécureux. Un changement de voie qui semble avoir réussi à ce Nyonnais de 27 ans, aujourd'hui patron de sa propre agence de design. Diplômé de l'Ecole cantonale d'art de Lausanne (Ecal), il s'associe avec son ami d'études Vladimir Jaccard et fonde, en 2010, la société Jaledesign. Les concours s'enchaînent, les commandes aussi. Les deux graphistes imaginent alors "Trio", un kit de jardinage en métal torsadé comprenant un râteau, une pelle et un désherbeur qui finira, trois ans plus tard, sur les rayons d'un des plus grands groupes d'ameublement: le géant suédois IKEA. Une "success story" à faire pâlir d'envie bon nombre d'étudiants.
Une bourse de 8000 francs
Tout commence en 2010, dans leur petit atelier de Borex. " Nous avons été inspirés par une lampe de bureau éditée par le célèbre designer suisse Yves Béhar. Il utilisait une technique de torsion du métal que nous avons essayé de reproduire sur une pelle en feuille d'aluminium. Nous avons ensuite réalisé plusieurs prototypes avant de mettre notre projet en suspens, faute de moyens ", explique Simon Lécureux. D'ailleurs, il le répète à l'envi: " il faut s'accrocher quand on travaille là-dedans. " C'est alors qu'une amie leur parle de la Fondation IKEA. " Nous avons appris qu'elle octroyait des bourses aux jeunes designers. Alors nous avons décidé de tenter notre chance et d'envoyer notre dossier. " Et ça a marché.
Fin septembre 2011, les deux amis obtiennent les 8000 francs nécessaires à la concrétisation de leur projet. " Ce soutien nous a permis d'élaborer plusieurs essais de formes et de matières. Au total, nous avons créé plus de 400 prototypes ", précise-t-il. Quelques mois plus tard, la bonne nouvelle tombe: leur kit de jardinage, rebaptisé "Lusholm" du nom d'un village suédois, sera produit par la firme au printemps 2013, à raison de 85 000 exemplaires. Un design simple, des objets utiles, peu volumineux, facilement reproductibles et peu coûteux, il n'en fallait pas plus pour séduire le numéro un du meuble en kit. " Nous étions super contents de ce qui nous arrivait. C'était génial de savoir que notre produit allait se retrouver dans tous les IKEA du monde" , raconte le Nyonnais.
Mais l'enthousiasme du début a vite laissé place aux interrogations. " Nous étions galvanisés par la renommée du groupe. Nous nous sommes rendu compte après coup que nous avions mal négocié notre projet. Aujourd'hui, il ne nous appartient plus ", confie-t-il. Une erreur de jeunesse qui a quand même du bon. " C'était une expérience riche d'enseignements. Et c'est extrêmement gratifiant d'avoir IKEA dans son portfolio ", relativise Simon Lécureux.
Il ne compte d'ailleurs pas s'arrêter là. " J'ai encore quelques idées à leur proposer ", assure le jeune homme, désormais seul maître à bord. " Je prévois également de me rendre au siège social de l'entreprise pour savoir si le kit de jardinage a bien marché. " En attendant, il souhaite se consacrer à d'autres projets. Et il n'a pas de quoi chômer: " Je travaille sur un appareil électroménager et sur une lampe de bureau en céramique. J'envisage aussi de me remettre à la couture avec la création de sacs en cuir ", indique-t-il. Le graphiste fourmille d'idées pour réinventer les petits objets du quotidien.