La commune et le Conseil régional annoncent l'abandon du projet du centre du Vallon. Un dossier qui sera difficile à relancer.
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On le sentait venir. C'est désormais clair: Saint-Cergue n'accueillera pas de patinoire régionale. Et ce, sans même avoir eu à demander son avis à une population, comme c'était prévu pour le mois de septembre prochain (après un premier report du vote en début d'année). D'un commun accord, la commune de Saint-Cergue et le Conseil régional viennent donc d'annoncer l'abandon d'un projet imaginé il y a plusieurs années, et qui aurait coûté plus d'une dizaine de millions (le concours d'architecture a, lui, coûté 75 000 francs à Saint-Cergue; 60 000 au Conseil régional; 15 000 à Nyon et 100 000 au Canton et à la Confédération). Raison d'un tel revirement de situation, le coût justement. Car si la construction devait bel et bien être assumée par les communes du district, les charges d'exploitation, elles, devaient être couvertes par la commune territoriale. D'un à deux millions par année, a-t-on estimé. Beaucoup trop. " Saint-Cergue n'a pas la possibilité de financer ces charges toute seule" , confirme la syndique Cornélia Gallay. En avril dernier, le conseiller Gérard Odermatt avait déjà déposé un postulat demandant à l'assemblée politique de Saint-Cergue de repenser le projet, jugé trop volumineux.
Changement de cap
De fait, depuis la genèse de ce projet en 2006, bien des choses ont changé. D'abord, cette patinoire qui devait être destinée tant aux sportifs, aux touristes qu'aux écoles semble ne plus répondre aux attentes des écoliers à cause de son emplacement extérieur aux axes routiers principaux, d'autant que les écoles ont vu dans l'avènement des patinoires provisoires des alternatives pratiques. Aussi, la vision, défendue par certains, voulant qu'une patinoire à Saint-Cergue sauve le village d'une lente asphyxie ne convainc plus. Enfin, et surtout, le projet figurait, parmi tant d'autres, dans un programme des investissements régionaux (PIR) finalement refusé par les communes. De quoi tout remettre à plat.
"Aujourd'hui, les priorités sont clairement ailleurs, explique Denis Dumartheray, responsable du tourisme auprès du Conseil régional. Il nous faut d'abord pérenniser le massif de la Dôle." Même discours du conseiller communal du village Gérard Odermatt: "C'est le Conseil communal qui a demandé, via un postulat, de concentrer les investissements touristiques sur le développement de l'infrastructure d'accueil. Plusieurs petits projets touristiques sont prêts et peuvent maintenant être réalisés. Les structures d'accueil à la Givrine (parking) et des Dappes (Télédôle) sont certainement prioritaires. L'amélioration de l'infrastructure existante peut maintenant passer avant de nouveaux projets à plusieurs millions."
Si cette décision permet donc à certains de pousser un "ouf" de soulagement, la déception est bel et bien présente chez les fans de glace. Président du HC Nyon, Stéphane Python explique: "Pour nous, c'est donc le statu quo. Nous sommes un district de 100 000 habitants où le sport le plus regardé à la télévision est le hockey sur glace, et nous n'avons pas de patinoire. Mais ce n'est pas une priorité, et cela ne l'a jamais été. Dans 50 ans ce ne sera pas non plus une priorité."
En attendant, même si cela ne fait pas les affaires des clubs de hockey, Saint-Cergue et Saint-George se disent prêtes à imaginer une patinoire de taille réduite pour l'offre hivernale.
RODOLPHE HAENER