Trois Roumains ont comparu hier devant la Cour correctionnelle. Ils écument l'Europe, la Suisse comprise.
Attaquer une bijouterie à la voiture bélier n'est pas un cambriolage très courant sous nos contrées. On s'attendait donc à voir comparaître une bande de cambrioleurs à qui "on ne la fait pas". Il n'en est rien. Les trois malfrats qui comparaissaient hier devant le Tribunal correctionnel de La Côte, à Nyon, sont trois Roumains, âgés de 27 à 38 ans, qui ont vu dans l'Europe en général, et la Suisse en particulier, un pays de cocagne où ils pourraient commettre des vols dont le produit permettrait à leur famille restée au pays de se nourrir et de vivre décemment. Tous trois ont des casiers judiciaires déjà chargés, notamment le principal accusé. La Belgique a demandé leur extradition, pour des faits similaires à ceux reprochés en Suisse.
L'un des trois, électricien de formation, a travaillé en Espagne, en Italie, en Angleterre, en France et en Allemagne, pour des salaires excédant rarement 1000 euros par mois. C'est cependant presque cinq fois plus que ce qu'il gagnait en Roumanie. Ses deux complices, deux cousins, vivaient à peu près dans les mêmes conditions dans leur pays d'origine. Le travail est quasiment inexistant, les salaires dérisoires, la vie très chère. Difficile donc de résister à l'idée de se rendre en Europe pour y perpétrer des actes délictueux...
Dans la nuit du 25 mai 2013, après avoir volé une première voiture dès la frontière de La Cure franchie, ils se sont rendus à Romanel-sur-Morges, dans une zone industrielle qui abritait notamment un chantier naval. Là, ils ont abandonné l'auto volée, pour se saisir d'un gros 4x4, beaucoup plus efficace pour ce qu'ils voulaient en faire! Après l'avoir équipé des plaques du premier véhicule dérobé, ils l'ont lancé contre la vitrine de la bijouterie Christ, à la Grand-Rue à Morges. En moins de dix minutes, ils avaient fait main basse sur plus de 120 000 francs de bijoux. Pris en chasse par la police, ils ont circulé à contresens sur la promenade Général-Guisan avant de sauter du véhicule encore en marche dans le but d'échapper aux policiers.
La justice reproche aussi au principal accusé d'avoir volé dans une église de Frauenfeld, en 2008, un coffre-fort contenant près de 2000 francs et des objets en argent et en étain. Le prévenu jure que jamais il n'aurait commis pareil acte, car il est profondément croyant. Son ADN a cependant été retrouvé dans un gant, avec les objets en argent volés précédemment. Le Parquet a requis 40 mois de prison ferme contre le principal accusé, 30 mois. dont la moitié avec sursis pendant cinq ans, pour ses complices.
Jugement vendredi. DS