La jeune artiste se produit vendredi au Club 1306, à Nyon.
Elle a quelque chose en plus, Amélie Daniel, ce quelque chose qui brille au fond des yeux. Le regard mutin, elle cultive son jardin secret avec une assiduité jalouse, un peu comme une coureuse de fond qui doit préserver son effort en vue du rush final. Amélie Daniel, 29 ans, issue d'une fratrie de quatre enfants, originaire de la Broye vaudoise et chanteuse à la carrière artistique déjà bien remplie, sera en concert à Nyon vendredi. Elle vient de sortir son tout premier disque: "Cent souvenirs terriens", un opus aux sonorités pop-rock. De la belle ouvrage réalisée par Vincent-Marie Bouvot, qui a notamment travaillé avec des artistes comme Zazie ou encore Florent Pagny.
Au fil des treize titres, on retrouve des musiciens renommés comme Roberto Briot, qui a eu l'occasion d'évoluer auprès d'Alain Bashung, de Mylène Farmer ou encore de Yannick Noah. Auteure, compositrice et interprète, Amélie Daniel réalise la quadrature du cercle sans ciller. Le public, lui, ne s'y est d'ailleurs pas trompé puisqu'il l'a désignée, en 2004, lauréate du concours Option musique, dans la catégorie auteurs-compositeurs.
Une nostalgie joyeuse
Volontaire, Amélie Daniel sait se faire mal pour y arriver. "Je pense que c'est mon éducation qui m'a forgé cette personnalité" , précise-t-elle avec une certaine gravité dans la voix. Cette gravité l'amène à se souvenir de son enfance. Baignée depuis toute petite dans le milieu, Amélie Daniel porte en elle le gène de la musique. "Ça a commencé dans le garage de mon grand-père, lui-même musicien, avec des vrais micros, une vraie scène, un vrai public" , explique-t-elle. Peu à peu, l'assurance de celle qui passe pour timide se déploie. D'abord, la chorale de gospel à l'âge de 14 ans et la découverte qu'elle possède une voix. Et puis, l'école de musique du Funambule, à Nyon. "Cela a été une expérience fondatrice où j'ai appris les bases du métier. J'y ai surtout étudié la composition et la manière de fabriquer une chanson" , raconte Amélie Daniel. Sans doute s'est elle imprégnée de la ville lémanique pour étoffer l'originalité de son oeuvre, cette "nostalgie joyeuse" comme elle la décrit. "J'aime les textes qui prennent aux tripes, qui vous envoient dans les cordes en vous remettant en question."
Carrière personnalisée
Prête à sacrifier sa part de célébrité sur l'autel de la liberté artistique, elle ne ferme pas pour autant la porte au style commercial. "Non, bien sûr, j'ai un ou deux titres très radiophoniques sur mon disque. Il faut tout de même avoir à l'esprit que cette industrie traverse une période de mutation sans précédent. D'ailleurs, on ne peut plus compter sur les ventes pour gagner sa vie. C'est la raison pour laquelle la plupart des artistes se produisent sur scène." Et ça tombe plutôt bien, parce que la scène, Amélie Daniel adore ça. S'inspirant d'univers iconoclastes, comme celui d'Olivia Ruiz, elle cultive une part de mystère en saupoudrant son oeuvre d'instruments bizarres. Par exemple, les ondes Martenot, cet instrument électrique, composé d'un clavier, qui date du début du XX e siècle.
Son côté magicienne va chercher dans la littérature et les langues - elle chante aussi bien en français, en anglais qu'en allemand -, ses inspirations musicales. "Ma relation aux livres et à l'écriture est très étroite, je suis une fan inconditionnelle du poète musicien Léonard Cohen. Je trouve qu'il incarne parfaitement cette synthèse entre la musique et la poésie. C'est quelque chose auquel j'attache beaucoup d'importance."
Il n'est pas rare qu'Amélie Daniel émerge de son sommeil en pleine nuit pour prendre des notes à la volée. Ou encore qu'elle fredonne une musique sur son portable et retrouve le fruit de ses songes le lendemain, au réveil. On l'aura compris, le travail d'Amélie Daniel ne doit pas grand-chose au hasard. En prenant son temps pour mener à bien sa carrière, elle travaille principalement avec sa famille pour conduire sa petite entreprise. "Mon père est mon manager, ma soeur s'occupe des costumes, mon frère de mon site internet. Je suis très sensible à la notion de confiance, pour moi, c'est une valeur cardinale sans laquelle rien n'est possible."
Amélie Daniel, c'est une foi inébranlable en l'avenir avec des projets plein la tête. "J'aimerais beaucoup pouvoir partir quelque temps aux Etats-Unis pour peaufiner mon style artistique. Les Américains possèdent un sens aigu du spectacle et c'est quelque chose que je souhaite perfectionner." Amélie Daniel cligne des yeux, boit une dernière goutte de café et s'en va, souriante. Quelque chose nous dit que cette jeune fille va y arriver...
En concert
Club 1306, Nyon
Vendredi 26 septembre, 20h30
www.ameliedaniel.com