Les différents jurys ont été séduits par des projets photographiques et musicaux.
info@lacote.ch
Primer un projet ou saluer une carrière, encourager un jeune ou consacrer un artiste confirmé, honorer un ou plusieurs domaines artistiques, tels sont les dilemmes auxquels font face les acteurs de la politique des Prix de la ville de Nyon et de Régionyon. Pour y remédier, ces dernières années, d'autres récompenses sont venues s'ajouter au Prix de la ville de Nyon, créé en 1991. La Bourse Jean Knechtli, en 2006, est destinée à un artiste ou une association actifs dans le domaine des arts visuels ou de la musique. Le Prix Régionyon, créé en 2008, récompense un artiste ou un groupe d'artistes dans une discipline changeant chaque année. Enfin, le Mérite artistique de la ville de Nyon, instauré en 2010, récompense un parcours ayant contribué au rayonnement de la ville et de sa région.
Et le nombre des récompenses pourrait encore augmenter dans les années à venir. " Nous sommes en pleine réflexion ", notait hier Gérard Produit à l'occasion de la désormais traditionnelle conférence de presse sur les prix artistiques. Le responsable du département de la culture à Régionyon, n'exclut pas que le Conseil régional du district développe également un Mérite artistique dont les critères resteraient à déterminer. Une perspective que justifie d'ailleurs Olivier Mayor, municipal en charge de la Culture à la ville de Nyon, pour qui "il est important de distinguer les personnes qui le méritent pendant qu'elles sont encore vivantes." Et comme la région de Nyon abrite, selon les deux officiels, "de très nombreux talents et des parcours remarquables" , la palette des récompenses semble vouée à s'enrichir davantage, rendant au passage sa lisibilité de plus en plus confuse.
En attendant, la cérémonie officielle de remise des quatre prix artistiques de 2014 se tiendra mercredi prochain au Casino Théâtre de Rolle, et réserve de belles surprises visuelles et musicales.
Arts visuels
Parmi les lauréats de 2014, deux photographes trentenaires font la part belle à l'immersion dans l'inconnu et à l'expérimentation multimédia. Honorée par le Prix de la ville de Nyon pour la " sobriété et la poésie " de son projet "Petite robe en fête", Delphine Schacher accueille cette reconnaissance comme " le couronnement d'un choix difficile ". En effet, après sept années passées à la RTS en tant qu'assistante de production, la jeune femme originaire de Begnins décide en 2010 de se lancer dans une formation de photographe à l'Ecole de Vevey. Depuis, elle multiplie les projets selon une démarche immersive et compréhensive. En 2012, avec "Dix mètres carrés", elle documente un quartier d'ouvriers vivant frugalement dans des cabanes en bois au pied de la cité du Lignon à Genève. La même année, dans "Divina Commedia", elle porte son regard sur une prostituée du quartier des Pâquis, approchant son univers de manière anonyme, à travers les plis de literie, les lumières dérobées, les accessoires de séduction. Pour "Mécanique céleste", dont le résultat sera exposé en fin d'année à Bienne, elle a effectué plusieurs séjours auprès d'un couple de paysans spécialisés dans la biodynamie dont le domaine viticole, perché au-dessus de la vallée du Rhône, n'est accessible que par téléphérique.
Le jury, composé de huit personnes, dont le directeur du Conservatoire Anastase Démétriadès, et les municipaux Olivier Mayor et Elisabeth Ruey-Rey, a été particulièrement touché par la sensibilité avec laquelle la jeune femme a abordé la question de l'enfance et de la campagne dans "Petite robe de fête". Son travail le plus récent, réalisé en Roumanie avec des fillettes rencontrées en 2011, que Delphine Schacher a habillées et mises en scène dans un conte entre docu et fiction. " Elles étaient comme des petites grâces au milieu de la campagne ", confie-t-elle, enjouée. Les 10 000 francs du prix de la ville de Nyon lui permettront d'ailleurs d'y retourner prochainement pour approfondir son travail sur le portrait avec une des jeunes filles.
Exact contemporain de Delphine Schacher, Yann Gross a obtenu le Prix Région 2014 pour ses divers travaux sur la communauté et la construction, par ses membres, d'un sentiment d'appartenance. Comme elle, son travail est indissociable de ses différentes expériences de voyage. C'est un ras-le-bol qui a constitué le déclic: " J'ai terminé mon master à l'Ecole cantonale d'art de Lausanne en 2007, puis j'ai exposé des photos et publié des livres d'art pendant plusieurs années . J'ai commencé à me sentir limité par le medium photographique ". C'est alors que Yann Gross a décidé de s'installer une année en Amazonie où il réalise plusieurs travaux documentaires. Ces derniers inspireront sa création "Radio Amazonie" présentée cet été lors du Festival des arts vivants de Nyon. Une proposition en plein air, qui invitait, de nuit, les visiteurs à remonter la rivière du Cossy pour un safari multimédia confrontant la réalité contemporaine à l'imagerie d'un monde sauvage.
Membre de "Cause", un collectif regroupant, à Gland, des architectes, des réalisateurs, des écrivains, ce photographe de formation souhaite explorer davantage d'autres médiums et développer des synergies. Si le prix représente un formidable tremplin pour repartir prochainement collaborer avec les Indiens guaranis du Brésil, il permettra aussi au collectif de développer un festival pour promouvoir les jeunes artistes.
Trompette
La Bourse Jean Knechtli, d'une valeur de 5000 francs, est revenue cette année à Antoine Rabut, jeune trompettiste pro metteur d'origine française. Actif depuis plusieurs années dans divers ensembles, aimant par-dessus tout partager et transmettre sa passion de la musique, il enseigne au sein de différentes écoles de musique et assure la direction des fanfares de Puidoux-Chexbres et Chardonne-Jongny dans le canton de Vaud. Actuellement étudiant à la Haute école de musique Vaud Valais Fribourg, le jeune homme s'est dit enchanté par cette bourse, ajoutant: "Je vais pouvoir m'offrir une trompette piccolo" .