Suard-CCHE a quitté le rue de le Colombière pour la Morâche. Jacques Suard laisse les clés à quatre associés.
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Jacques Suard était très ému, jeudi soir. En présence des autorités de la région, des entrepreneurs, de collègues architectes et de clients, les nouveaux bureaux d'architecture Suard-CCHE, installés dans les immeubles de la rue de la Morâche étaient inaugurés. Les anciens, à la rue de la Colombière 28, sont rangés au rayon souvenirs. Jacques Suard laisse les clés de la maison aux quatre architectes - associés Stéphanie Suard Dancet, l'une de ses filles, Max Nack, Hannes Ehrensperger et Daniel Grosso.
Durant quarante-cinq ans, l'architecte aura dessiné la moitié de Nyon, marquant durablement la ville de son empreinte, "bien plus que s'il avait fait de la politique" , a joliment déclaré Daniel Rossellat, syndic, qui, dans son discours, a rendu hommage au "mythe fondateur" . Passionné de basket, mandaté pour construire le collège du Rocher, Jacques Suard imagine alors l'une des plus belles salles de gym. A l'époque, le BBC Nyon est l'une des équipes phares du basket suisse. On lui doit le centre commercial La Combe qui offre une sorte de place de village, deux projets qu'il modernisera par la suite.
Il y a deux ans, il s'approche du bureau CCHE, à Lausanne, en particulier de Hannes Ehrensperger. Les deux hommes partagent la même philosophie de l'architecture et le même degré d'exigence. Le Nyonnais décide de remettre son entreprise.
Vingt-trois collaborateurs se partagent désormais les 500m 2 du 5 e étage. Jacques Suard n'y a plus de bureau, mais sa fille lui laisse volontiers une place dans le sien au gré de ses besoins. "De toute manière, il a deux bureaux à la maison, glisse Stéphanie.
L'homme franchit cette nouvelle étape de sa vie avec sérénité et fierté. "Je n'ai pas réussi seul, c'est le travail de toute une équipe de collaborateurs, mais aussi des entrepreneurs , insiste-t-il. Je regarde les choses avec philosophie et une certaine distance. Et du détachement aussi. "Un architecte construit comme si le projet allait lui appartenir. Il faut qu'il s'en désapproprie. On est des routiniers du détachement. Remettre un bureau n'est pas une tâche aisée, mais on s'est bien trouvé avec Hannes, nous avons trouvé un terrain d'entente. Je continuerai à m'occuper d'architecture, cela reste ma passion, et elle ne peut pas s'éteindre comme ça."