Un Nyonnais de 28 ans, sous l'emprise de l'alcool, agresse au couteau un jeune qui attendait le train.
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C'est une triste histoire que celle traitée jeudi par le Tribunal correctionnel de La Côte, à Nyon. Un jeune Nyonnais que nous avons choisi d'appeler Julien, 28 ans aujourd'hui, a agressé à coups de couteau un autre jeune qui attendait son train au petit matin à la gare. Ce dernier a failli y laisser la vie. Julien risque quatre ans de prison pour tentative de meurtre par dol éventuel.
Des insultes, une bagarre et deux coups de couteau
Ce dimanche 1 er décembre 2013, Julien a bu plus que de raison. Un peu après une heure du matin, il endommage à coups de pied le boîtier-poussoir en cas d'incendie situé dans le parking de la Duche, déclenchant l'alarme automatique. Ce dommage remboursé au gérant du parking, plainte a été retirée. Quelques heures plus tard, vers 6 heures, il aborde sur le quai de la gare de Nyon un jeune homme qu'il ne connaît pas et lui demande une cigarette qui lui est refusée. " Si tu veux vraiment une cigarette, tu n'as qu'à regarder parterre pour en trouver une ", lui lance le voyageur. Julien n'apprécie pas du tout ces propos, et des insultes fusent de part et d'autre. C'est lorsque, finalement, Julien traite sa victime de " fils de pute " que la tournure des événements prend le mauvais chemin. La victime, un grand gaillard habillé avec une tenue de camouflage de style militaire, se dirige vers Julien pour lui montrer de quel bois il se chauffe. Julien prend peur et sort de sa poche un couteau suisse. Il lacère le cou de sa victime, puis, bras en avant, il plante son couteau au niveau du coeur. Par crainte de recevoir un troisième coup de couteau, la victime tente de désarmer son agresseur. S'ensuit une bagarre, au cours de laquelle le couteau tombe à terre. Avant de partir chercher du secours, la victime, qui saigne abondamment, pousse le prévenu sur les rails. Par chance, aucun train n'arrive en gare à ce moment-là. Le lendemain, Julien s'est présenté au poste de police pour avouer son crime, croyant à tort qu'il avait tué un homme.
Les faits sont, on ne peut plus clairs, et le prévenu les a admis. Mais c'est au niveau de son passé que les choses se gâtent. En effet, ce jeune homme est, depuis sa plus tendre enfance, soumis à des sévices au sein de sa propre famille. Il est suivi depuis de longues années par une psychiatre, laquelle est venue témoigner.
Une enfance qui n'excuse rien mais explique un peu
Condamné à deux reprises, dont une fois par un Tribunal des mineurs, Julien souffre d'une peur panique d'être agressé et d'une phobie sociale. Il est souvent en état d'hypervigilance. Et si, lorsqu'il n'est pas sous l'effet de l'alcool, il aurait plutôt tendance à fuir, il a des réactions excessives lorsqu'il a bu. Elle préconise un placement dans un foyer spécialisé et une abstinence complète à l'alcool.
De son côté, sa victime était sous l'emprise de LSD, un puissant psychotrope. Pour l'avocat de la défense, " la victime a pu percevoir de manière faussée les insultes qui sont à l'origine de la bagarre" . Julien n'ayant pas déposé plainte pour avoir été poussé sur les rails du train, cette action n'a pas fait l'objet d'une instruction particulière.
La victime gardera toute sa vie une cicatrice qui part de l'oreille et va jusque sous le menton. Les lésions subies au niveau du cou ont provoqué une paralysie partielle du nerf facial qui pourrait être définitive. Selon les médecins du Chuv, " la victime a eu de la chance au cou de ne pas décéder, au vu de la localisation et de la profondeur du coup porté. D'autres structures nerveuses cervicales auraient pu être touchées et conduire à des déficits fonctionnels importants. L'hémorragie qui a suivi aurait pu lui être fatale ".
Le procureur a requis une peine de quatre ans de prison, sous déduction d'un an de prison préventive pour tentative de meurtre par dol éventuel. " Ce jeune souffre de graves troubles et doit être soigné , a-t-il admis. Sa peine doit être complétée aussi par un traitement visant à l'abstinence à l'alcool. Le risque de récidive est élevé. Je souhaite qu'il s'acquitte de l'entier des frais de justice". Sa victime a réclamé 12 000 francs pour tort moral.