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Une année en instantanés

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Depuis janvier, la famille Bassin partage son quotidien d'agriculteurs sur Facebook. Et continuera en 2015.

daniel.gonzalez@lacote.ch

La traite des vaches, les semis, le fonctionnement d'une moissonneuse ou la confection de gâteaux, la famille Bassin, de Marchissy, a partagé toute sa vie ou presque depuis une année sur le réseau social Facebook. Au même titre que 27 autres familles du pays, les Martiolans ont répondu à l'appel de l'Union suisse des paysans (USP) pour sa campagne de sensibilisation à la profession (lire encadré). "Les gens ont perdu le contact avec la terre et ont donc une totale méconnaissance de ce qu'ils consomment. Quand ils mangent leurs céréales ou leur tartine le matin, ils oublient qu'un agriculteur s'est levé aux aurores, pour les produire" , explique Laurence Bassin. Avec plus de 1600 abonnés à la page "Ton paysan: la famille Bassin", l'objectif semble atteint. Celle-ci a même connu des pics de fréquentation, comme lors de la naissance des veaux Nic et Nac un soir de novembre. A lui seul, cet événement a généré 20 000 clics et 50 partages, au point de surprendre les premiers intéressés.

Mettre sa vie ainsi en avant n'avait pourtant rien de naturel pour des personnes habituées à l'anonymat. Laurence avoue même avoir été quelque peu sur la réserve au début. "Je voulais surtout préserver les enfants, et en particulier Emilien (ndlr: le petit dernier) qui n'a pas encore conscience de son image à son âge. Même ma fille qui était très enthousiaste au départ, rechignait ensuite à être prise en photo, alors qu'elle utilise quotidiennement les réseaux sociaux." Hormis cette soudaine "célébrité", les Bassin ont dû composer avec leur nouveau statut. "On devient soudain les ambassadeurs d'une profession et cela met une certaine pression. Je voulais donc surtout ne pas donner de fausses informations" , raconte Laurence, à qui incombait la tâche d'alimenter la page cinq jours sur sept. Mais, passées les premières réticences, celle qui n'avait qu'une connaissance rudimentaire des réseaux sociaux, s'est muée en véritable passionaria de la cause paysanne. Elle est même montée à Berne, pour remettre une déclaration demandant le renforcement de l'agriculture familiale au conseiller fédéral Johann Schneider Ammann.

Politique agricole, un tabou

L'USP a-t-elle imposé des directives? "Notre liberté était totale, même si nous devions éviter de parler de politique agricole. C'est difficile, parce que notre métier en est imprégné" , souffle Laurence Bassin. Passé cet écueil, fallait-il encore savoir quoi raconter et de quelle manière, une gageure comme l'explique l'agricultrice. "A nos yeux, notre quotidien nous paraît très ordinaire." Pour éviter toute forme de banalité ou de redondance, elle a donc choisi de décortiquer les moindres parcelles de la vie familiale, histoire d'en réaliser une mosaïque reflétant au plus près la réalité du quotidien. Ainsi, outre le travail à la ferme proprement dit, les internautes y ont vu le petit dernier faire sa première rentrée des classes, ou l'aînée, Oriane, s'activer au sein de la Jeunesse de Marchissy. Malgré la richesse de cette vie déclinée sous la forme d'instantanés, Laurence ressent quelques regrets. "Nous n'avons montré qu'une petite partie de notre vie. On ne se rend pas compte de la longueur des journées, du découragement qui nous gagne parfois, de l'insécurité de la profession liée aux changements perpétuels de la politique agricole ou encore du poids des charges administratives. Malgré tout, j'espère que les internautes se sont faits une image assez juste du métier."

Prêts pour la saison 2

D'ailleurs, comment le public a-t-il réagi? A en croire l'infatigable mère de famille, les retours étaient tous positifs. "Alors que je faisais mes courses un jour, une dame est venue me féliciter. C'était touchant et motivant." , raconte Laurence Bassin, qui craignait les critiques négatives. Si les questions du public furent moins nombreuses qu'escompté, l'expérience avait une autre vertu: fédérer les paysans en leur permettant de se confronter aux réalités et aux pratiques des uns et des autres. "J'ai découvert des méthodes agricoles que je ne connaissais pas et j'ai pu mesurer le fossé qui existait entre la Suisse romande et alémanique." La famille s'est tellement prise au jeu qu'elle continuera l'expérience en 2015. "Nous apprécions cette façon de présenter notre profession et de garder un lien avec les gens." Toujours sous l'égide de l'USP, la page sera alimentée à un rythme moins soutenu de deux publications par semaine. www.facebook.com/famillebassin


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