Affaiblis par la grêle, les pins sèchent de manière inquiétante.
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La terrible grêle du 20 juin n'a pas fini de faire parler d'elle. Nouveau fléau: le dépérissement des résineux sur La Côte, entamé depuis la mi-juillet. Dans les villages de Gingins, Trélex, Chéserex ou encore Coinsins, le constat est sans appel. " Plus de 2000 mètres cubes sont touchés . Certains arbres sont déjà morts, d'autres sont encore à l'agonie", déplore François Mathey, garde forestier du triage de la Dôle. La perplexité des premiers jours s'est aujourd'hui transformée en réelle inquiétude. " Les dégâts sont toujours plus nombreux. C'est la première fois que j'assiste à quelque chose d'aussi catastrophique dans la région ", relève le Ginginois. Même constat du côté de Vincent Dérobert, garde forestier à La Rippe. " J'ai déjà reçu plusieurs téléphones de particuliers inquiets du devenir de leurs arbres. Il semble que ce soit assez sérieux. "
Des dégâts irréversibles
En cause? L'orage de grêle du 20 juin, générateur de "stress" pour les conifères. Ecorces fendues, aiguilles perforées, rameaux atrophiés, les blessures sont nombreuses. Une fragilité qui ouvre la porte à d'autres maux, plus irréversibles. Comme le Sphaeropsis sapinea , un champignon microscopique affectant principalement les pins noirs et les pins sylvestres.
Explications. " Ce parasite se développe dans les résineux déjà endommagés par la grêle, la sécheresse, ou tout autre facteur de stress inhibant les défenses de l'arbre. Le champignon s'attaque alors aux rameaux et aiguilles, entraînant un desséchement progressif des jeunes pousses. Aujourd'hui, tout porte à croire que cette maladie est à l'origine du mal qui atteint la région" , signale François Mathey. Averti de la situation, le canton vient d'entreprendre des analyses pour tenter de comprendre ce qu'il se passe. Mais les dégâts sont là. Dans les forêts, comme chez les privés, les conifères ne cessent de rougir. Les demandes d'abattage, elles, se multiplient.
Et le bilan pourrait bien s'alourdir encore. " Il s'agit d'un processus évolutif. Pour l'instant, il est difficile de savoir si le phénomène restera localisé ou s'il se généralisera à d'autres peuplements ", insiste Vincent Dérobert. Il se rappelle néanmoins de l'été 2003, où la sécheresse avait décimé plusieurs hectares de forêt.... quatre ans plus tard. " Il nous a fallu attendre longtemps avant de voir émerger les conséquences de cet épisode caniculaire. Travailler avec la nature, c'est travailler sur le long terme. " Avis partagé par François Mathey, qui préfère rester prudent. " C'est quelque chose de tellement rare que nous ne bénéficions pas du recul nécessaire. "
Risques de chutes écartés
Alors que faire? " Il convient d'abattre les pins noirs gravement atteints. Pour les arbres moins endommagés, il est conseillé de couper les rameaux malades, même si le paysage en pâtit ", relève le Ginginois. Quant à l'aspect sécuritaire, le garde forestier se veut rassurant: " Les arbres détruits ne présentent aucun danger pour la population. En revanche, les aiguilles tombées à terre pourraient augmenter le risque d'incendie dans certains secteurs forestiers. " Côté coût, les deux spécialistes estiment qu'il est encore trop tôt pour se prononcer. Mais François Mathey en est convaincu: " L'impact sera plus visuel que financier. " Certains arbres devraient ainsi être remplacés avant la fin de l'année.