"P Project"
Jeudi, l'équipe du Far a reçu de nombreux appels de journalistes après l'article paru dans "Le Temps", sur le spectacle "P Project" à voir ce vendredi soir et samedi. Selon la directrice du festival, Véronique Ferrero Delacoste, qui a vu la pièce de l'artiste bulgare, à Amsterdam, les spectateurs sont invités à réaliser des actions, jusqu'à se déshabiller pour simuler l'acte sexuel sur le plateau. Ceci en échange de 250 fr. chacun. Prostitution? Pas du tout. Pour la directrice, ce n'est pas pour l'argent que le public se prête au jeu. "Les spectateurs entrent dans une sorte de communion" , raconte-t-elle.
Dans "P Project", le chorégraphe bulgare Ivo Dimchev invite les volontaires à monter sur scène pour réaliser des actions, de plus en plus osées. Jusqu'à cette dernière, ultime. Pendant ce temps, un autre spectateur, responsable de la caisse, rémunère les participants.
"Cela interroge la qualité d'écoute du public: jusqu'où peut-il aller dans l'interaction?" , commente encore la directrice, qui note que l'intérêt des médias sur ce spectacle plutôt qu'un autre témoigne aussi d'un certain état d'esprit de la société.
Mais voilà, la réserve connue des Vaudois se prêtera-t-elle à ce genre de démarche artistique? L'acteur peut tout à fait se retrouver face à une foule où personne n'est candidat pour les actions proposées. "C'est un risque , ajoute-t-elle. Mais les spectateurs du Far sont habitués à beaucoup de choses. Je suis confiante."
Selon elle, la communion qui s'installe entre l'artiste, seul sur scène avec son piano électrique, et le public plonge la salle dans une représentation, hors de la réalité. "Ivo Dimchev amène les choses en douceur. Il a une grande capacité à convaincre et à séduire. C'est extrêmement poétique et, bien sûr, personne n'est forcé de faire quoi que ce soit."
Reste que l'échange monétaire intégré dans la démarche peut faire penser à l'expérience de Stanley Milgram, psychologue américain qui testait le degré d'obéissance d'un être humain face à une autorité, par de célèbres expériences sur des personnes cobayes.
Dans sa démarche, l'artiste bulgare tente de briser la glace entre lui et le public pour faire la peau à la passivité habituelle. CECILE GAVLAK
P Project
Vendredi et samedi, 21h
Usine à gaz