Le Festival du film vert fête sa première décennie d'activités. Il fera halte à la Ferme du Manoir du 12 au 15 mars.
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Né à Orbe en 2006, le Festival du film vert a trouvé son rythme de croisière. Jusqu'au 31 mars, la manifestation qui célèbre ses dix ans d'existence sera présente dans tous les cantons romands, mais aussi à Zurich et dans trois localités françaises proches de la frontière. Dans la région, elle fera halte du 12 au 15 mars à Nyon, à la Ferme du Manoir (rue de Maupertuis 1).
Au total, pas moins de 28 villes et communes diffuseront une cinquantaine de films - des documentaires essentiellement - autour de l'environnement et du développement durable. Le point avec Nicolas Guignard, fondateur et directeur du festival.
Comment est né le Festival du film vert?
A travers mon métier d'éditeurs de DVD, je voyais beaucoup de films, parfois aussi excellents qu'introuvables. Et comme militant de longue date chez les Verts, cela m'a donné envie de les montrer au public. La première édition a eu lieu à Orbe. Je n'avais jamais songé à étendre le festival, mais des gens, des associations ou des cinémas d'ailleurs en Suisse romande nous ont contacté, avec l'envie de participer. Dès la seconde édition, le festival avait lieu dans dix villes.
Pourquoi une manifestation décentralisée?
On pourrait faire un festival plus grand dans un seul lieu, comme Lausanne. Mais toute l'énergie déployée par nos partenaires, dans leur ville respective, serait probablement perdue. Le critère de proximité est aussi important. Il est absurde de faire deux heures de train, ou pire de voiture, pour venir voir un film vert! Cette formule permet par ailleurs d'inviter et de donner la parole à des intervenants locaux, une valeur centrale pour nous.
Quel bilan tirez-vous de ces dix ans d'expérience?
Le nombre de spectateurs n'a cessé de croître, jusqu'à 7000 entrées l'an dernier. Le nombre de lieux de diffusion est aujourd'hui stable et ne devrait plus augmenter. Nous arrivons à une certaine saturation en Suisse romande. Le festival génère énormément de rencontres et d'échanges. Sur le plan cinématographique, nous commençons à être largement reconnus. Cela nous permet d'obtenir plus facilement et rapidement des films auprès des producteurs. Depuis cette année, nous faisons aussi partie du Green Film Network, un réseau mondial de festivals sur l'environnement.
Depuis dix ans, les films traitant de l'environnement ont-ils évolué?
Globalement, la tendance est qu'ils sont davantage axés sur les solutions et les alternatives et moins sur la dénonciation, ce qui est une bonne chose. On diffuse des films plus constructifs, d'abord réalisés pour faire réagir et moins pour faire peur.
Une thématique particulière émerge-t-elle de cette 10 e édition?
Pas vraiment. Nous n'avons jamais voulu faire des éditions thématiques. Peu de films de qualité sortent sur un même sujet. Il y aurait un risque de redite et cela nous obligerait à montrer des films moins bons. La multitude de thèmes abordés permet aussi d'intéresser plus de monde. En revanche, nous choisissons chaque année un film commun qui est diffusé dans tous les lieux. Il s'agit cette année de "Sacrée croissance", de Marie-Monique Robin, qui traite des alternatives à la croissance infinie.
Quel est le mode de financement du festival?
Le budget est d'environ 180 000 francs. Un tiers provient de sponsors centraux (Loterie romande, Fondation Gelbert, Greenpeace, Nature et Découvertes, etc.), qui financent la coordination, la communication, les droits des films, les prix. Nous avons un comité d'éthique très sévère à ce sujet. On ne demande pas d'argent à n'importe qui et il nous est arrivé de refuser des offres de certaines entreprises. Le second tiers provient de sponsors locaux, comme le magasin bio du coin, et le troisième tiers des recettes des entrées.
En période de crise économique, l'environnement semble aujourd'hui relégué au second plan des préoccupations. Cela vous inquiète-t-il?
Ce qui m'inquiète, c'est la prédominance des préoccupations de court terme. On ne peut pas ignorer la crise financière ou la montée de l'intégrisme religieux, qui sont des sujets importants. Mais il faut aussi savoir prendre du recul, c'est vital. L'écologie est une réflexion de long terme. Les sujets dont nous parlons sont à peu près les mêmes qu'il y a dix ans, et ils seront probablement toujours d'actualité dans dix ans! De nouveaux thèmes ont néanmoins émergé ces dernières années, comme le gaz de schiste ou l'accaparement des terres. L'an passé, nous avons passé un film sur la disparition du sable, un sujet parfaitement inconnu. Le festival a de beaux jours devant lui, mais il faudra veiller à ne pas lasser les spectateurs.