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Violence subie par peur de mourir

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Accusé de maltraitances conjugales par son épouse, il nie en bloc.

jlurent@lacote.ch

"Vous ne pensez qu'à une chose: vous lui donnez tout ce qu'il veut pour qu'il ne porte pas atteinte à votre vie, c'était pour moi une question de survie." Menue, s'exprimant avec une voix douce, parfois entrecoupée par l'émotion, une victime de violences conjugales a tenté d'expliquer, hier, face aux juges du Tribunal correctionnel de l'arrondissement de La Côte comment elle avait été happée par ce qu'elle nomme désormais une "spirale de la violence" .

Car il a fallu un long processus, a-t-elle expliqué, pour qu'elle admette les faits et prenne conscience de sa situation grâce, notamment, à l'aide du centre de consultation LAVI (loi sur l'aide aux victimes) auquel elle s'était adressée.

Menaces sur des tiers

Elle a expliqué que la violence a d'abord été verbale, puis physique, débutant avec des menaces et des coups. La plaignante accuse notamment son mari - le divorce est en cours - de l'avoir contrainte, de l'automne 2011 au printemps 2012, à subir régulièrement l'acte sexuel. Elle a expliqué, en dehors de la présence de son époux, qu'elle avait obtempéré "par crainte pour ma vie, par peur des représailles et pour protéger mes deux enfants." Le prévenu aurait également menacé de s'en prendre à des tiers.

Interdiction de périmètre violée

A un certain moment, la violence a été telle que l'épouse s'est enfuie du domicile conjugal et s'est réfugiée au centre d'accueil Malley-Prairie. "On n'allait pas finir le mois vivants avec les enfants" , a-t-elle déclaré.

A partir de là, le Tribunal a prononcé, en mars 2012, des mesures protectrices de l'union conjugale et d'extrême urgence, interdisant à l'homme de s'approcher de sa femme et de ses deux enfants à moins de 150 mètres. Il lui a également été interdit de prendre contact avec son épouse, notamment par téléphone, par écrit ou par voie électronique.

Lors de l'audience d'hier, les versions sont très vite apparues totalement divergentes. Le prévenu a contesté à la fois la violence physique et la contrainte sexuelle. Tout au plus a-t-il admis avoir été "irritable" à la suite de fortes pressions subies au travail, d'avoir giflé son épouse et de lui avoir donné un coup de pied lors d'une de leurs altercations. Il a reconnu uniquement l'emploi d'un langage parfois cru qui l'a incité à asséner des propos injurieux à son épouse. "Je n'ai jamais frappé mon épouse, je ne lui ai jamais fracassé la tête depuis qu'on est ensemble. Je n'appelle pas frapper quelqu'un lui donner une claque. Enfin, je n'ai pas violé ma femme" , a-t-il affirmé. L'homme, aujourd'hui âgé de 45 ans, prétend que tous les rapports sexuels avec son épouse avaient été consentis. "Je ne suis pas un obsédé sexuel" , a-t-il asséné.

Une autre plainte pour des faits similaires

Pourtant, son attitude, après le prononcé de l'interdiction de périmètre, ne plaide pas en sa faveur. Lors de l'audience, il a cherché soit à contester les faits qui lui étaient reprochés, soit à les minimiser. L'acte d'accusation montre pourtant clairement qu'il n'a pas respecté l'injonction du Tribunal et a cherché à contacter son épouse, la harcelant, lui faisant subir des pressions psychologiques, par téléphone, par sms, en la suivant jusque sur son lieu de travail et dans ses loisirs, allant jusqu'à s'en prendre physiquement à elle, notamment en gare de Lausanne ou à son domicile. Il est même entré en contact avec ses deux enfants.

Interrogé par le président sur la répétition de ses démêlés avec la gent féminine, à aucun moment le prévenu n'a admis avoir un problème de violence avec les femmes. En marge du procès qui l'oppose à sa femme, il doit répondre d'une autre plainte pour des faits similaires. Une troisième victime a retiré sa plainte. "Les relations avec les femmes? Aujourd'hui, c'est parfait" , a-t-il déclaré, admettant entretenir une relation avec une Russe. Sans domicile fixe, sans emploi, sans aide sociale, arrivé en fin de droit, à l'issue d'une période de chômage, sa situation est toutefois précaire: "J'essaie de survivre" . Réquisitoire du procureur et plaidoiries des avocats ce jeudi.


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