L'artiste russe Marfa Indoukaeva expose ses toiles à la galerie Junod.
C'est la légèreté des mouvements et la gaieté des couleurs qui frappent l'oeil de prime abord, lorsque l'on pousse la porte de la galerie Junod à Nyon. Pour la seconde fois, la galeriste et historienne de l'art offre ses murs à Marfa Indoukaeva. Originaire de Russie, arrivée en Suisse il y a plus de vingt ans, cette diplômée des Beaux-Arts de Moscou est une artiste polyvalente et chevronnée, à l'aise aussi bien avec la gravure, le dessin ou l'enseignement.
Jusqu'au 2 mai, les visiteurs peuvent venir admirer les peintures réalisées à l'encre de Chine colorée sur du papier, lui aussi de Chine, que l'artiste a choisi pour sa résistance à l'eau. De grandes courbes côtoient des lignes plus fines, puis des taches qui s'étendent, et ce tout rappelle le titre de l'exposition: "L'aile de papillon". En effet, Marfa est partie d'une réflexion sur la disparition du vivant: " Si la vie est possible, c'est aussi grâce à toutes sortes de petits insectes que nous qualifions d'insignifiants et qui s'éteignent de plus en plus. J'ai choisi le papillon car il est un maillon de cette chaîne du vivant et me semblait représentatif d'une certaine fragilité ". Quelques toiles rappellent le passage de la chenille à la chrysalide, puis au papillon lui-même. " Il y a cette idée de métamorphose, car rien n'est stable. Chaque jour est différent, cela rejoint la pensée bouddhiste ", explique l'exposante. D'autres peintures se détachent de l'animal et laissent simplement penser à d'autres éléments naturels tels que l'eau, le vent, les pierres. La technique employée par Marfa Indoukaeva rejoint la délicatesse des insectes volants qu'elle peint avec une plume de cygne imbibée d'encre de chaque côté, ce qui lui permet de changer les couleurs sans interrompre son geste. Elle projette ainsi le liquide sur le papier mouillé, tourne la plume, observe comment l'encre bouge. " Il y a une part de hasard dans son travail , déclare la galeriste Danielle Junod-Sugnaux. Elle utilise beaucoup d'énergie pour produire ces mouvements et les taches ne vont pas forcément où elle le voudrait, ni la couleur d'ailleurs ". MARION POLICE