Les milieux de prévention contre le tabagisme voudraient interdire un tel sponsoring lors de manifestations.
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Le débat sur l'interdiction de la pub pour les cigarettes est à nouveau d'actualité. Les ligues de santé veulent bannir toute publicité pour les tabacs et se sont retrouvées mardi à Berne pour faire entendre leurs revendications. Le calendrier était choisi: le Conseil fédéral travaille sur un projet de loi qui devrait être présenté à l'automne. Pas de réclames à la radio, ni à la télévision: ce dispositif en vigueur devrait être étendu aux panneaux d'affichage, aux journaux, aux cinémas et sur Internet. Pour les milieux de la prévention, ce n'est pas suffisant: le sponsoring des manifestations par les cigarettiers doit également ne plus être autorisé.
A Nyon, Paléo, qui accueille un stand de Philip Morris est dans leur ligne de mire. La Ligue pulmonaire avait même réalisé le 22 juillet 2014 un sondage auprès des festivaliers pour savoir s'ils étaient prêts à payer leur billet 2 francs de plus, si la direction du festival renonçait à ce sponsoring. Sur un panel de 830 personnes interrogées, 71% avaient dit oui, 22% non et 7% ne savaient pas. "Ces chiffres montrent que l'argument financier pour expliquer la présence du cigarettier ne tient pas. Je comprends que pour un petit festival cela puisse poser des problèmes. Mais pas pour Paléo qui a survécu au retrait de Swisscom, dont l'impact a été nul pour le festivalier" , assure Grégoire Vittoz. Le porte-parole de la Ligue pulmonaire suisse connaît bien l'organisation de la manifestation nyonnaise puisqu'il y a travaillé il y a vingt ans. A cette époque, se remémore cet expert dans le décryptage du marketing, une marque de cigarettes figurait sur l'affiche de Paléo, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Maintenant, constate-t-il, la communication est axée sur un stand particulièrement attractif pour les jeunes.
Logique financière
Daniel Rossellat ne donnera pas le montant de la participation du cigarettier, clause de confidentialité oblige. En revanche, il indique que les contributions de l'ensemble des sponsors permettent de diminuer de 15 francs le prix d'une entrée. "Si on baisse les recettes de sponsoring, soit il faut revoir le prix des billets, soit on réduit d'autres prestations" , argumente l'entrepreneur culturel. Qui mentionne dans la foulée que Paléo est aussi très attentif à la protection des non-fumeurs, et en particulier des mineurs.
Evolution de l'intolérance
Daniel Rossellat ajoute que, hormis le stand, il n'y a aucune communication sur le site en faveur du tabac. " Ç a me paraît un deal acceptable. J'assume ce choix, dans le respect des non-fumeurs et de la protection de la jeunesse" , déclare-t-il. Embrayant ensuite sur l'évolution de la société dans le domaine de l'intolérance: avant, souligne-t-il, il fallait s'excuser de tousser en présence de fumeurs alors que maintenant, c'est l'inverse. "Si les cigarettiers sont interdits dans les festivals, on agira en conséquence" , conclut-il.
Sans concertation, le boss de Caribana tient exactement le même discours que son collègue de la plaine de l'Asse. Il n'y a que le nom du sponsor qui change, en l'occurrence la British American Tobacco, qui dispose comme à Paléo d'un stand interdit aux moins de 18 ans. Tony Lerch refuse également de donner le montant de cette participation. "C'est l'un de nos plus gros sponsors" , relève-t-il, affirmant que si la contribution du cigarettier n'était plus autorisée, la santé financière du festival en souffrirait. "A moins que ces ligues de santé nous trouvent d'autres sponsors! ", persifle-t-il.