Le phénomène du bureau partagé s'étend hors des zones urbaines. Des espaces existent à Lully, Nyon et Rolle.
DANIEL GONZALEZ
daniel.gonzalez@lacote.ch
Avec l'avènement des nouvelles technologies, les travailleurs se font de plus en plus nomades, devenant des "sans bureau fixe". Dans ces conditions, la plupart se rabattent sur le café du coin, le siège passager de leur véhicule ou leur salon. Bref, des lieux pas vraiment adaptés et qui manquent de sociabilité, raison pour laquelle des espaces de bureaux partagés naissent çà et là, pour répondre à cette nouvelle demande. Le "coworking", c'est son nom, s'est d'abord développé dans les villes, à Lausanne et Genève, où des espaces dédiés ont fait leur apparition il y a déjà plusieurs années. Mais, on les voit essaimer désormais en dehors des centres urbains et sur La Côte en particulier.
Depuis quelques mois, la société Ichibani, située au coeur de l'A-One Business Center de Rolle, s'est lancée dans le "coworking". "J'étais partie sur le concept du centre d'affaires, mais je suis en train de le réadapter, parce que la demande des clients a évolué. De plus en plus de jeunes au chômage ou des mères de famille, qui veulent lancer leur société, ont besoin d'un espace de travail pour un court laps de temps. De quoi éviter de recevoir un client chez soi, par exemple" , note Hélène Daniele, sa directrice.
Ambiance bon enfant
Elle a donc fait tomber quelques murs et aménagé une vingtaine de places de travail en open space. Ces petites alcôves peuvent être louées quelques heures, le temps de finaliser un dossier par exemple. Et, bientôt, elle imagine même placer des cabines téléphoniques pour les clients qui auraient besoin de passer des appels confidentiels.
Olivier Sauze, entrepreneur genevois qui a lancé sa société il y a un an, est devenu un utilisateur régulier. "C'est un lieu d'échanges et de partage idéalement placé entre Lausanne et Genève. De plus, on y est bien reçu." L'ambiance est bon enfant, on se retrouve autour de la machine à café quel que soit son horizon, pour y parler de tout et de rien. Des amitiés se sont mêmes nouées, aux dires d'Hélène Daniele, qui n'hésite pas à jouer les entremetteuses. Mais, que l'on ne s'y trompe pas, ici ce n'est pas le "coworking", comme on l'entend traditionnellement où les bureaux partagés s'apparentent plutôt à une colocation version travailleurs. "L'état d'esprit est différent du coworking, qui regroupe des espaces associatifs où l'on partage le frigo, on joue avec le chat et on fait pousser des plantes. Ici, les gens viennent faire du business" , précise la femme d'affaires. Le profil des locataires d'Ichibani est d'ailleurs révélateur. Au détour des couloirs, vous ne croiserez que des traders, des commerciaux et divers entrepreneurs actifs dans le marketing ou les ressources humaines.
Plus que des locaux
L'esprit business, c'est aussi ce que promeut la société Go Concept, installée dans les hauts de Nyon depuis 2012. Mais l'offre va au-delà de simples espaces partagés, puisqu'il s'agit avant tout d'un incubateur et un accélérateur à jeunes pousses entrepreneuriales, comme l'explique son directeur, Xavier Badina. "Nous ne faisons pas que mettre des locaux à disposition. Nous cherchons à accompagner les entreprises pour les aider à grandir et à s'implanter sur le territoire suisse. Nous sommes les concierges de luxe de l'entrepreneuriat." Une dizaine de sociétés triées sur le volet bénéficient d'un éventail de services en tout genre, allant de la fiduciaire, à la gestion des appels et du courrier, en passant par le conseil juridique.
La société CValue, basée depuis moins d'un an à Lully, a également opté pour ce système hybride, plus rentable que d'offrir de vastes locaux, selon son responsable, Ludovic Nguyen. "On a pas de volume ici, contrairement aux Etats-Unis. La moyenne d'âge des entrepreneurs en Suisse est de 35 ans. Ils vont surtout se focaliser sur la solidité de leur société et veiller à leurs dépenses. La demande n'est donc pas énorme."