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Deux femmes dans les vignes

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Portrait de jeunes cavistes qui n'ont rien à envier à leurs collègues masculins.

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Le vin, une affaire d'hommes? Pas pour Sophie Humbert et Sandra Guignard. A 26 ans, les deux jeunes femmes viennent d'obtenir leur CFC de caviste, auréolé du prix d'excellence du Conseil paritaire de la branche des vins et de la tonnellerie. Rencontre dans les illustres vignes de Marcelin.

" Je ne me destinais pas du tout à ce métier, je voulais travailler dans le social. C'est en aidant mon père pendant les vendanges que je me suis rendue compte de l'opportunité qui s'offrait à moi. " Déjà titulaire d'un CFC d'assistante en pharmacie et d'une maturité professionnelle, Sophie Humbert se lance alors dans un apprentissage de caviste. Avec un objectif clair: reprendre le domaine familial du Château de Duillier. Son amie de longue date, Sandra Guignard, décide de la suivre. " J'ai commencé une formation de traduction et d'interprétation mais le milieu universitaire ne me plaisait pas. Je ne savais plus trop vers quoi me tourner. Je faisais les vendanges avec Sophie pendant les vacances et l'idée a peu à peu germé dans ma tête ", explique-t-elle.

Un bastion masculin

En 2011, le "binôme" intègre l'Ecole de viticulture de Marcelin. " Nous étions pratiquement les seules filles. Les garçons, tout juste sortis du collège, nous voyaient réussir avec brio, ce qui leur a donné envie de se dépasser pour ne pas perdre la face ", rigolent les deux drôles de dames. Même ambiance dans les caves de Perroy et d'Echichens, où elles ont fait leurs premières armes, sous l'oeil parfois goguenard de leurs collègues masculins. " Le premier jour, je me faisais toute petite. Mon patron se montrait sceptique, je devais lui prouver que j'étais capable de bosser comme les autres, malgré mes 50 kilos ", raconte la jolie brune, aussi nature que les vins qu'elle défend. Le regard complice, son acolyte acquiesce: " Il fallait montrer à ces gaillards que nous étions débrouillardes et que nous avions tout à fait notre place dans ce métier de mecs ", lance-t-elle avec son franc-parler.

Pari réussi pour ces jeunes diplômées, aujourd'hui convaincues d'une chose: " Les femmes ont beaucoup à apprendre aux hommes. " Et Sandra Guignard de s'expliquer: " Je pense que de par notre sensibilité nous ressentons les choses différemment. D'ailleurs, mon maître d'apprentissage me demandait tout le temps mon avis lors des dégustations. " Mais les deux vinophiles ne le cachent pas: " Ce n'est pas toujours facile de soulever des barriques de plusieurs dizaines de kilos. " Pas plus que de travailler dans des caves à moins dix degrés ou de vendanger dix-huit heures par jour sous un soleil de plomb. " Tu ne peux pas faire ce métier si tu n'es pas passionné ", résument-elles.

Ce qui leur plaît? " La convivialité et les rencontres humaines ", répondent les deux épicuriennes. " Mon patron le répétait souvent: on dit des choses devant un verre de vin qu'on ne dirait pas devant une tasse de café ", estime Sandra Guignard. Même son de cloche du côté de sa camarade. " Il règne un esprit particulier dans les caves. C'est impossible de tirer la tronche quand tu bois du vin. " Les deux jeunes femmes ne comptent d'ailleurs pas s'arrêter en si bon chemin. " En septembre, je commence une formation de technicienne vitivinicole à l'Ecole spécialisée de Changins ", précise Sophie Humbert. Jamais très loin, sa comparse entamera quant à elle un bachelor HES en oenologie dans l'établissement nyonnais. " J'envisage également de partir travailler en Suisse alémanique, où la production vinicole est d'une richesse incroyable ", se réjouit-elle. Quant à la possibilité de reprendre un domaine, la Givrinoise ne se fait pas d'illusion. " A moins d'épouser un vigneron ou de recevoir un gros héritage, bien sûr! "


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