Les années passent mais ceux-là restent fidèles au poste, pour le bien de leur village.
RODOLPHE HAENER
rhaener@lacote.ch
C'est une habitude que de voir, dans chaque Conseil communal, les démissions se succéder à l'exécutif. Pourtant, cette réalité en cache une autre: dans bien des villages, les élus enchaînent les mandats sans jamais rompre. Ainsi le Founachu François Debluë est-il devenu syndic en 2011 après... 22 ans de présence à la Municipalité. Vingt-six ans, donc, que l'actuel député est aux affaires.
A Chavannes-de-Bogis, Pierre Stampfli, qui arrêtera l'an prochain, arrive à un score cumulé d'un quart de siècle de présence. Certains effectuent même des carrières municipales sans jamais (souhaiter) postuler à la fonction de syndic, comme Eric George (Bursinel), Martin Bryner (Longirod) ou les Tannayrolis Jacques Kaltenrieder (qui arrêtera au 30 juin) et Patrick Simon.
Sont-ils là depuis trop longtemps? Sont-ils au contraire gage d'une stabilité pour la commune? "Tout est affaire de personnes et de compétences, analyse la préfète Chantal Turin . Il ne faut pas oublier que la population décide à chaque fois de les plébisciter. Et je ne pense pas que mettre une limite aux mandats soit une solution pertinente."
Le cas de Serge Melly, à cet égard, est intéressant, puisque l'actuel syndic de Crassier, après sept années de Municipalité, a été syndic de 1994 à 2006, avant de quitter la politique communale de 2006 à 2011 et de redevenir syndic en 2011. Pourquoi donc est-il revenu? "Je m'embêtais... Plus sérieusement, j'ai quitté la syndicature car il me semblait qu'après toutes ces années on m'avait assez vu et que ça pouvait laisser la voie libre à d'autres. Je suis parti pour ne pas gêner des gens qui, par amitié ou crainte, ne souhaitaient pas m'affronter. Mon successeur n'ayant pas voulu poursuivre après une législature, je me suis proposé, et me suis fait élire en 2011." Quant à savoir si la longévité est gage de stabilité, Serge Melly en est certain, tout en émettant un petit bémol: "Il ne faut pas que ça change tout le temps, mais parfois le changement peut amener des réformes bienvenues."
Plus compliqué en ville
Autre avis, celui du syndic de Bassins Didier Lohri, à l'exécutif depuis 21 ans, dont 17 à la syndicature: "Les changements perpétuels ou les mandats de courte durée sont toujours une perte de connaissance pour le village. Et je dirais même que cela fait les affaires du canton, qui profite parfois des changements pour imposer de nouvelles contraintes. L'historique des dossiers est très important."
Même son de cloche pour François Debluë, syndic de Founex: " Oui, je suis persuadé que la longévité apporte de l'expérience. Surtout quand on a vu plusieurs dicastères différents."
Dans les villes, l'histoire est différente, même si certains se souviennent encore du passage de 23 ans de Jacques Locatelli à Nyon, dont 15 comme syndic. Mais aujourd'hui, cette longévité semble plus compliquée.
Dans l'optique de ce classement, le premier "urbain" est le Glandois Gérald Cretegny, 17 années de présence, dont 9 comme syndic. Il analyse: "Il y a plusieurs facteurs pour expliquer cela. Même si la gestion de chaque village demande du temps, je crois que dans une ville, c'est encore plus compliqué. Ensuite, on peut parler des partis politiques et leurs stratégies électorales, même s'il est juste de dire que si d'un côté les partis interrompent certaines carrières, ils peuvent aussi les prolonger." Ces prochains mois diront si le syndic, qui se présentera à sa propre succession en février 2016, sera le premier "citadin" à dépasser la barre des 20 années lors de la prochaine législature.
Claude Dupertuis, municipal nyonnais depuis 13 ans, à égalité avec sa consoeur Elisabeth Ruey-Ray, confirme l'influence des groupes politiques: " Oui, les partis mettent un peu de piment à la situation et peuvent créer le changement." Lui comme sa consoeur ne devraient pas poursuivre l'aventure l'an prochain.
Et les femmes?
Enfin, remarquons que dans ce classement des élus ne se trouvent pas d'élues... Les premières à figurer, en 21 e et 22 e positions, sont Marlyse Dentan et Florence Rattaz, syndiques respectivement de Tartegnin et Genolier, et qui cumulent chacune 16 années de présence à l'exécutif.