L'accusé, à peine 30 ans, a déjà été condamné à six reprises pour des cambriolages. Il risque 19 mois de prison.
Certaines personnes n'échappent pas à leur destin. Il en est ainsi de ce jeune Kosovar d'à peine 30 ans. Né à Pristina en 1984, il a perdu sa mère à l'âge de 4 mois. C'est sa soeur aînée qui l'a élevé jusqu'à ce que leur père les mette tous deux à la porte alors qu'il n'avait que 11 ans. Depuis, de quoi a-t-il vécu? Mystère. Il a quitté le Kosovo " où certains en voulaient à sa vie ", dit-il, et a séjourné quelque temps en Italie, chez sa soeur. Puis, il est parti vers la France où sa demande d'asile n'a pas abouti. Il est alors venu en Suisse. Sans travail, sans abri, il a vécu des revenus de ses cambriolages. Mais en Suisse, comme en France, ceux-ci ne lui ont pas rapporté des sommes pharaoniques. Il évoque des revenus, à coup de 200 à 300 francs totalisant à peine 3000 francs. Il perpétrait ses méfaits avec des complices originaires des Balkans, et l'équipe se partageait le butin.
Sur les douze cambriolages qu'on lui reproche, il n'en reconnaît que huit, à Bossonnens (Fribourg), Payerne, Penthalaz, Lausanne, Romanel-sur-Morges... Il nie être l'auteur d'un cambriolage à Arzier, en mars 2013, où des bijoux et des euros avaient été emportés. Ses complices, déférés séparément, prétendent en tous les cas qu'il était avec eux...
Il tente de s'immoler par le feu en cellule
Dépressif, ne voyant pas d'issue à sa vie de misère, il a sombré dans l'alcoolisme et la drogue. Mais, arrêté lors de son ultime méfait, à Lausanne en décembre 2013, il a au moins eu la chance de pouvoir suivre une cure de désintoxication en prison! Sa dépression l'a conduit à chercher à se suicider. Après s'être ouvert les veines, puis avoir essayé de se pendre, il a opté pour l'immolation en mettant le feu à son jean. N'arrivant plus à maîtriser l'incendie qu'il avait ainsi provoqué, il avait appelé les gardiens à l'aide. Ceux-ci étaient intervenus rapidement et avaient réussi à maîtriser le sinistre. Mais deux gardiens avaient été blessés au cours de ce sauvetage, sans oublier le jeune homme lui-même, brûlé au niveau des jambes. Cette action lui vaut d'être en plus poursuivi par la justice pour incendie intentionnel de peu d'importance.
Le Parquet, représenté par Bernard Dénéréaz, a requis 19 mois de prison ferme. " Ce jeune homme est la représentation d'une sorte de criminalité dont nous sommes tous las. Ces gens ne viennent en Suisse que pour se remplir les poches ", a-t-il lancé. Estimant que sa culpabilité était très lourde, notamment en raison de cinq condamnations antérieures en Suisse, et une en France, et que le risque de récidive était important, il a requis 19 mois de prison ferme, sous déduction de la prison préventive déjà effectuée à la Tuillière et de trois jours de compensation pour détention illicite lors de son arrestation à l'Hôtel de police de Lausanne.
Le procureur demande aussi que les frais de justice soient mis à sa charge. Le jugement sera rendu lundi. DOMINIQUE SUTER