La Confédération dit oui au rail. Le dira-t-elle aussi à la route?
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"En trois ans, nous avons obtenu de la part de Berne plus que les années précédentes." Cette satisfaction émane des ministres genevois et vaudois des finances et des infrastructures qui se montrent unis plus que jamais, sous l'entité de la Métropole lémanique; "bien que nous soyons attachés à nos cantons respectifs" , ont-ils souligné rapidement. Hier, lors d'une conférence de presse à Genève, Nuria Gorrite et Pascal Broulis, respectivement conseillers d'Etat vaudois des infrastructures et des finances, ainsi que Michèle Künzler et Pierre-François Unger, conseillers d'Etat genevois à la mobilité et à l'économie, se sont félicités du déblocage de 6,4 milliards de francs par le Conseil national, le 6 juin, en faveur de projets ferroviaires à Lausanne et Genève (lire ci-dessous). Mais la route est dorénavant la bataille à relever avec, espèrent-ils, le même succès.
Ayant comme credo "la complémentarité entre le rail et l'autoroute", la Métropole lémanique compte sur le programme fédéral de résorption des goulets d'étranglement, actuellement en consultation auprès des cantons, pour rattraper les retards pris en matière d'aménagements autoroutiers. Il s'agit prioritairement de supprimer les bouchons chroniques aux heures de pointe.
Troisième voie en discontinu
Les deux cantons se mobilisent donc pour que la Confédération lâche une part de la manne fédérale en rendant les projets prioritaires aux yeux de Berne. L'amélioration des accès et des sorties de l'A1 entraîne des chantiers conséquents: nouvelles jonctions autoroutières à Versoix et Vernier (à l'horizon 2020 et 2025), troisième voie de Nyon à Bernex (à l'horizon 2025), et surtout les contournements autoroutiers de Genève, de Morges et la traversée du Petit lac à l'horizon 2030.
"L'enjeu est essentiel. Il faut anticiper les besoins et montrer que l'on est prêt à aller de l'avant" , lançait Pascal Broulis. Mais la situation d'engorgement du réseau autoroutier est avérée et s'intensifie année après année. Pour éliminer ces goulets d'étranglement, un fonds de 5,4 milliards de francs est prévu. "L'autoroute doit être élargie. Il y a 100 000 véhicules/jour absorbés aux abords des agglomérations. A l'horizon 2025, il y en aura 130 000 /jour dans l'Ouest lausannois , s'exclame Nuria Gorrite. Mais pas question d'une troisième voie sur l'entier du parcours Lausanne-Genève, il serait impossible d'obtenir l'entier du terrain nécessaire" , ajoute-t-elle. Une troisième voie discontinue, donc, s'accompagnera de la création de deux nouvelles jonctions autoroutières: celles de Versoix, devenue indispensable, et à Vernier afin de faciliter l'accès à la zone industrielle de Zimeysa.
Ces aménagements ne seraient qu'une étape nécessaire pour conduire les autorités à la réalisation d'infrastructures conséquentes: la traversée de la rade, le contournement est de Genève et le contournement de Morges. "Ces chantiers ne peuvent intervenir qu'après avoir augmenté les capacités des infrastructures existantes" , avance Michèle Künzler.
Pour Nuria Gorrite, l'enjeu est plus que nécessaire: "Si rien ne se fait, la région risque la paralysie. Nous sommes tous convaincus que le rail et la route sont complémentaires et ces projets doivent être prioritaires. Développer l'un ou l'autre ne suffirait pas et ne répondrait pas aux besoins des habitants" . Un argument de poids des quatre ministres pour justifier l'augmentation de la vignette autoroutière de 40 à 100 francs, dont l'apport participerait ainsi notamment au financement de projets lémaniques.