Pierre-Alain Dupuis ne cache pas son envie d'être candidat à la Municipalité. Il pèse le pour et le contre.
MARIE-CHRISTINE FERT
m-c.fert@lacote.ch
Un café au club-house du tennis club de Nyon. Pierre-Alain Dupuis est ici comme chez lui. Normal pour un pratiquant, normal pour un journaliste sportif, normal pour le président de l'Association des sociétés sportives nyonnaises (ASSN). Sauf qu'il se prête au jeu de l'interview en tant que conseiller communal. Un élu que la rumeur place comme candidat à la Municipalité lors des élections de l'an prochain. Pas besoin d'un long échange de balles pour avoir sa réponse. "C'est une hypothèse sérieuse!, dit-il d'emblée. J'ai un intérêt pour la fonction et j'estime qu'au terme d'un mandat au sein du législatif, j'ai fait mon apprentissage!"
Sauf que jusqu'à la balle de match, une partie n'est jamais gagnée. Et c'est pourquoi l'habitué des grands tournois joue en fond de court, déclarant vouloir officialiser une éventuelle candidature seulement à la rentrée. Car d'ici-là, il veut tâter le terrain, évaluer ses chances de succès. "Un sportif part toujours pour gagner" , argumente-t-il en regardant au loin un échange.
Pierre-Alain Dupuis le sait: pour devenir un champion, il y a l'entraînement, le talent... mais aussi l'environnement. Professionnellement, le règlement de la RTS est clair: il doit démissionner s'il accède à un exécutif, donc laisser un poste à temps plein pour un temps partiel. Pas simple sur le plan financier quand on a encore des enfants aux études. Politiquement, les règles sont plus floues qu'à la RTS. Il va falloir composer avec d'autres, envisager des alliances, ce qui n'est pas évident quand on est seulement apparenté chez les Verts et ouverts, et non membre de ce parti. Avec, qui plus est, une sérieuse propension à être réfractaire aux consignes de vote. "Le bon sens doit prévaloir sur le dogmatisme" , martèle-t-il. A l'instar de son grand ami Daniel Rossellat, il se démarque souvent des clivages partisans qui à ses yeux peuvent représenter des freins. Sauf que la politique n'aime pas les électrons libres. Cette liberté de penser que lui offre le groupe des Verts nyonnais, dont il salue "l'écoute et l'intelligence" des responsables, sera plus difficile à défendre dans le cadre de négociations avec d'autres partis en vue de jouer une carte d'union.
Autre handicap, Pierre-Alain Dupuis n'a pas que des amis au sein du législatif, des conseillers communaux lui reprochent d'être en représentation. Le journaliste reprend la critique au bond, récuse avec insistance l'image que certains dessinent de lui, lui prêtant un certain ego. Mais il reconnaît aussi que l'effet de loupe de la télé a forcément un impact en termes de notoriété qui lui a plutôt été favorable lors de son élection au Conseil communal. "Il y a des gens qui vous apprécient, d'autres qui vous détestent. Au fil des années, vous apprenez à relativiser. Personne ne fait jamais l'unanimité. Il faut vivre avec la critique", confie-t-il d'un ton qui laisse entendre que la carapace s'est endurcie au fil des coups.
Le journaliste le répète, il a l'habitude du travail d'équipe et ne compte pas son temps dans ses engagements, évoquant comme exemple les cinquante ans de l'ASSN dont l'anniversaire sera fêté fin août.
Absence de cohésion de la Municipalité
Toujours est-il qu'il motive aussi son intérêt pour la Municipalité par la nécessité de faire bouger les lignes, de renforcer la cohésion de l'équipe. "Il faut 2 à 3 nouveaux visages" , calcule-t-il, soulignant que sur certains dossiers "l'exécutif n'a pas su écouter les gens!"
Deux à trois nouveaux visages, sauf que pour l'instant seule Elisabeth Ruey-Ray a annoncé qu'elle ne postulerait pas pour un nouveau mandat.
Pierre-Alain Dupuis est donc en plein questionnement. Mais on sent qu'il aimerait bien mettre ses pieds dans les starting-blocks de la course à la Municipalité même si la qualification pour la finale n'est pas totalement assurée. "J'ai 59 ans, ma profession m'a donné beaucoup de satisfactions, mais je veux aujourd'hui m'investir pour ma ville, mettre mon énergie pour le développement de la qualité du bien vivre ensemble" , affirme-t-il. Si ça ce n'est pas une profession de foi politique...